Skip to main content

Full text of "Monographie des prêles"

See other formats






•Y 





■ ■ , ' 

'’Æ 









/ns. 


MONOGRAPHIE 


DES 

PRÈLES. 


PAR 


J. P. TAÜCHER , de Genève» 


USRARY 
new york 
botakîcal 

ÜAHOEN. 


GENEVE, 

CHEZ J. t PASCHOUD, IMPRIMEUR- LIER AIRE. 

PARIS, 

MÊME Maison de commercé» 

RUE DE SEINE , N-° 48 0 

I 82 2 . 


r^-9 

A\ 


av 


. f/l£ 


*0/2 trouve à la meme adresse t ouvrage suivant du meme auteur 
Histoire des Gooferves d'eau douce; % v.ol. in- 4 .* aveç figures. 


9061 8 ri; 


PRÉFACE. 


«T e n’a vois pas eu d’abord l’intention de don- 
ner une Monographie des Ecpiisé lacées ; mais , 
ayant été conduit par mes recherches à exa- 
miner successivement les principales espèces 
qui composent cette singulière famille , j’ai 
senti combien il régnoit encore de confusion 
à cet égard dans les descriptions des Botanistes, 
et combien il étoit nécessaire , pour prévenir un 
plus grand désordre , de chercher des caractères 
au moyen desquels on pût distinguer les espèces 
déjà connues et assigner la place de celles 
qu’on découvrirait dans la suite. Afin que cet 
ouvrage fût encore plus complet et en même 
temps plus utile, je fai accompagné de planches 
que je dois à la complaisance de la même 
personne qui a déjà gravé celles de mes Con- 
ferves, 

Jesens plus que personne tout ce qui man- 
que à ce petit travail pour lequel j’ai reçu ce- 


UÇfeARY 

NEW YORK 

botanicaù 

oarden. 


jv préface, 

pendant de puissans secours, soit de plusieurs 
Botanistes distingués qui ont daigné me com- 
muniquer diverses Prêles étrangères , soit 
principalement de mon excellent compatriote 
et ami Mr. De Candolle, qui m’a prodigué ses 
conseils et les secours de son magnifique herbier, 
avec une complaisance sans égale. Mais ce 
n’est que par le moyen des monographies qu’on 
peut avancer la connoissance de l’Histoire na- 
turelle : cet ouvrage ne doit donc être considéré 
que comme un appel que je fais aux Botanistes 
pour qu’ils veuillent bien en relever les imper- 
fections et me communiquer les nouvelles 
espèces qu’ils possèdent : je profiterai de leurs 
observations pour imprimer une fois, s’il est 
nécessaire, un supplément qui rendra mon tra- 
vail moins défectueux , et plus digne de ^at- 
tention des Naturalistes. 


Genève le 18 Avril» 


MONOGRAPHIE DES PRÊLES. 

Histoire générale et physiologique du genre . 

Par M. le Professeur YAUCHER. 


(, Mémoire la à la 


Société d } Histoire naturelle et de Physique , en Février 1818 . } 


Les Prêles dont j’entreprends la monographie, consti- 
tuent en Botanique un genre tellement distinct qu’il suffit 
d’en connoître une espèce peur distinguer avec facilité 
toutes les autres. 

Elles sont désignées en latin par le nom d’Equisetum 
( crin de cheval ) , qui exprime assez bien l’apparence des 
espèces communes et qui leur avoit déjà été donné par 
Pline et Dioscoride. Cependant les plus anciens Botanistes 
modernes, tels que Dodonæus et Lobelius, les avoient 
appelées ïüpuris d un mot grec qui signifie queue de 
cheval , mais qui a été abandonné depuis que Linné l’a 
appliqué à un genre de plantes fort différent des Prêles. 

Jusqu à présent on s’est peu occupé de l’étude sérieuse 
de ces singuliers végétaux. Bauhin dans son Pinax n’en 
mentionne qu’un petit nombre d’espèces qu’il caractérise 
assez mal, et les restes de lherbier de cet homme célèbre 
sont extrêmement défectueux à cet égard. Tourne fort 


g MONOGRAPHIE DES PRELES» 

n’a pas eu plus de succès dans la distinction des espèces 
de ce genre. Linné lui-même les énumère avec une grande 
négligence, au moins dans les anciennes éditions de ses 
ouvrages. Les premières descriptions qui renferment 
quelque xactitude sont d abord celles de Haller, et ensuite 
celles de De Candolle dans sa Flore Française. Le Diction- 
naire de La Marck a donné ensuite la détermination 
d’un plus grand nombre d’espèces, recueillies soit par 
Des Fontaines en Barbarie, soit par Michaux dans l’Amé- 
rique Septentrionale, soit par divers autres Botanistes en 
Europe. Enfin différens voyageurs, tels que Burchell au 
Gap , Bory St.- Vincent à l’Isle de France , De Buch aux 
Canaries , Michaux dans f Amérique Septentrionale , 
Humboldt dans la Méridionale, etc., ont encore recueilli 
et décrit des espèces nouvelles de Frêles ; en sorte que 
ce genre, qui n’en comprenoit autrefois que six ou sept 
bien déterminées , en renferme aujourd’hui plus de vingt 
qui diffèrent par des caractères marqués. 

Indépendamment des auteurs systématiques, quelques 
Naturalistes se sont occupés soit de la reproduction, soit 
de la physiologie des Prêles. Entre les premiers , on 
compte particulièrement le célèbre Hedwig qui , dans sa 
Théorie de la génération et de la fructification des Cryp- 
togames , a recherché , décrit et dessiné avec soin les or- 
ganes de la reproduction de ce genre. Dans le nombre 
des autres, on peut mettre le Botaniste Schkuhr , qui a 
donné de bonnes figures de quelques espèces de Prêles , 
mais surtout Mirbel, qui a exposé nettement et au moyen 
de très-belles figures , l’organisation de la Prêle des champs 


MONOGRAPHIE DES PRELES. 5 

et de la Prêle des limons. ( Voy. Bullet. Philom. Floréal 
an 9. ) 

La place des Prêles dans l’ordre naturel est tout-à-fait 
incertaine, parce que cette famille dont tous les individus 
sont liés entr’eux par les rapports les plus intimes , n’a 
presque aucune ressemblance avec les autres. En effet, 
la fructification des Équisétacées est étrangère à celle de 
toutes les autres plantes connues, quoique la structure 
de leur tige et de leurs rameaux ait des rapports au 
moins extérieurs avec les Ephédras , et avec les Casua- 
rines ou Filaos : ces dernières ont en effet une tige 
verticillée, dont les articulations sont pourvues de la 
même gaine dentée qui distingue les Prêles. Cependant 
les Çasuarines et les Ephédras sont des plantes ligneuses 
et solides, dont l’organisation intérieure n’offre rien de 
semblable à celle des Prêles. Peut-être trouvera-t-on 
quelque part un jour, et dans la Nouvelle - Hollande 
même, dont les Çasuarines sont originaires, des plantes 
qui seront enfin unies aux Prêles par des nœuds plus 
étroits. 

Les Prêles sont un genre primitivement Européen, 
qu’on a retrouvé ensuite dans les trois autres parties dit 
monde, et jusque dans les îles de f Afrique, Les six prin- 
cipales espèces , savoir, celles des champs, des rivières, d’hi- 
ver , des bois et des limons des marais, sont très-ancienne- 
ment connues, et habitent dans la plupart de nos contrées. 
Elles croissent également dans quelques autres régions 
étrangères, et principalement dans l’Amérique Septen- 
trionale. La Prêle multiforme, qui a été plus récemment 


4 MONOGRAPHIE DES PRÊLES. 

décrite, est également répandue dans presque toute 
l’Europe , où ses diverses variétés ont souvent été prises 
pour autant d’espèces distinctes. La plupart des Prêles 
étrangères approchent de ce dernier type beaucoup plus 
que des autres, et les ressemblances sont quelquefois si 
frappantes qu’on pourrait aisément s’y tromper. Jusqu à 
présent elles n’offrent aucune espèce à hampe, si ion en 
excepte pourtant la Prêle à gros épis, Macro stachion , 
que Poiret a cueillie sur les côtes de Barbarie , et qui 
très-probablement est une variété de la fluviatile. On n’y 
voit point non plus de Prêles régulières et qui approchent 
pour le port de nos Prêles les plus communes. Elles 
émettent en général un petit nombre de rameaux dis- 
posés sans symétrie , et les verticilles ne sont jusqu’à 
présent bien marqués que dans la Prêle très-rameuse de 
Des Fontaines, ou la Prêle gigantesque de Plumier et 
dHumboldt. 

Cette régularité, qui est le caractère le plus frappant 
de quelques Equisétacées, semble tenir de très-près à la 
fructification, Quand la tige est stérile , les rameaux sont 
très -nombreux,* quand elle est chargée d’épis, les rameaux 
sont beaucoup plus rares ; et ce rapport entre les épis 
et les rameaux n est pas très— étonnant : on comprend en 
effet comment la sève qui est employée à développer et 
à perfectionner des fruits , ne peut pas développer et 
nourrir un» grand nombre de branches. 

Les Preles se plaisent en général au bord des ruisseaux 
et dans les lieux humides. Les unes vivent même dans 
les eaux, comme la Prêle des limons et quelquefois celle 


MONOGRAPHIE DES PRELESi 5 

des marais; les autres préfèrent les glaises froides, comme 
celles des champs et des fleuves. Un en rencontre même 
dans les terreins sablonneux et non humectés, comme 
par exemple la Frêle multiforme ; mais cette dernière es- 
pèce paroit être fortement influencée par la nature du 
terrein dans lequel elie croît , car tantôt elle ne déve- 
loppe qu’un petit nombre de tiges grêles et fort courtes , 
tantôt au contraire, et surtout lorsqu’elle sort d’un ter- 
rein plus riche , on voit sortir de la touffe principale 
des tiges beaucoup plus grosses et plus ramifiées, qu’on 
croiroit ne point appartenir à la même espèce. Et les 
connoissances que nous avons acquises des localités des 
Prêles étrangères , nous montrent qu’elles ne diffèrent 
point à cet égard des Prêles Européennes. 

Ces plantes ont en général une organisation solide qui 
semble les rendre capables de braver les extrêmes de la 
chaleur et du froid. Cependant elles se plaisent de pré- 
férence dans les lieux tempérés. Celles que Humboldt a 
rencontrées dans l’Amérique Equinoxiale y vivent, l’une 
à la hauteur de i36o toises au-dessus de la mer, et l’autre 
à celle de 43o. Les termes extrêmes sont jusqu’à présent, 
d'un côté la Prêle très-rameuse des Antilles ou la Prêle 
allongée de l’île Bourbon , et de l’autre la Frêle sétacée 
du Canada. Dans nos climats , la Prêle des bois est la 
seule qui s élève à quelque hauteur ; on la rencontre 
fréquemment dans les montagnes subalpines à 3 à 4oo 
toises d élévation. 

Les Equisetacees vivent en familles ou en réunions 
assez nombreuses, en sorte quil est fort rare d’en ren- 


6 


MONOGRAPHIE DES PRELES. 

contrer qui soient isolées et formées d’une seule tige. 
Cette propriété dépend ici comme ailleurs de la nature 
des racines qui végètent et s’étendent à l’indéfini dans 
le sol , où. elles pénètrent quelquefois jusqu’à une grande 
profondeur. Toutes les Prêles limoneuses ou palustres 
d’une même mare ou d’un même étang proviennent d’or- 
dinaire d une même racine qui va sans cesse en s’étendant 
dans toutes les directions. On en peut dire autant des 
autres espèces Européennes, et si les racines de la Prêle 
des champs n étaient pas sans cesse rompues par la 
charrue ou le hoyau, cette espèce présenteroit sans 
doute les mêmes apparences que les autres. Mais la diffi- 
culté que ion éprouve à s’en débarrasser dans les lieux 
où l'on désire l’extirper , prouve que ses racines ont la 
faculté de repousser des rejets de tous les points de leurs 

nœuds. 

En effet , elles sont tellement vivaces , que je ne 
crois pas que la nature ait fixé de terme à leur durée; 
comme elles sont composées d’articulations assez sem- 
blables à celles des tiges, et que chacune de ces articu- 
lations est elle-même un point vital , ou un centre de 
végétation, indépendamment de tous les autres, il s’ensuit 
que tant qu’il se développe de nouvelles articulations , 
et il s’en forme toutes les années , la plante subsiste et 
peut produire de nouveaux jets. Mais ces jets qu’elle 
émet tous les printemps dès les mois de Mars ou d’ Avril, 
n’ont pas la même longévité ; lorsqu’ils ne portent que 
des épis , iis se flétrissent dès qu’ils ont répandu leurs 
graines; lorsqu’ils sont encore pourvus de feuilles, ils 


MONOGRAPHIE DES PRELES. J 

subsistent plus long-temps, mais ils atteignent bientôt 
leur entier développement. Dès-lors , c’est-à-dire depuis 
la fin de l’été , ils commencent à languir et à se dessé- 
cher; ils sont ensuite irrégulièrement sphacélés, et ils 
ont à peu près disparu avant la fin de l’automne. Je 
n’excepte de cette description, au moins parmi les Prêles 
d’Europe, que la multiforme, et surtout la Prêle d’hiver 
dont l’organisation est plus solide et le tissu plus serré : 
cette dernière conserve sa tige pendant toute l’année, et 
elle pousse au printemps de nouveaux rameaux de ses 
articulations inférieures. 

Je n’ai pas trouvé jusqu’à présent que les Prêles fussent 
sujettes à d’autres maladies qu’à une espèce de sphacèle 
qui ne ressemble pas mal, pour la couleur et la nature, 
aux extrémités des dents ou des gaines qui terminent les 
articulations de leurs tiges. 11 n’est pas rare , en effet , 
de voir dans leurs différentes espèces , principalement 
dans celles des champs et des fleuves, les tiges et les 
rameaux noircis et comme charbonnés par cette espèce 
de gangrène qui nuit essentiellement à leur vie et dont 
je n’ai pas encore pu reconnoître la cause. J’ai cependant 
aperçu dans les mêmes espèces des transudations d'une 
matière rougeâtre qui tient d assez près à ces plantes 
parasites décrites par De Candolle, et en particulier à 
la rouille des blés, Puccinia graminum , Syn. 096, ou 
TJreclo linearis 3 624, ou enfin TJredo rubigo vera , 627; 
car ces trois descriptions me paroissent s’appliquer 
egalement a la malade que l’on désigne à Genève sous 
le nom de Ventaison t et qui attaque les blés et bien 


S MONOGRAPHIE DES PRÊLES» 

d’autres plantes. La poussière des Prêles est donc une 
Uredo , ou peut-être une Puccinie , car je 11e l’ai pas 
encore bien examinée, et je 11e puis pas assurer quelle 
soit toujours l’origine du sphacèle. 

Je n’ai pas non plus lieu de croire que les Prêles 
servent d’habitation à aucun insecte. Leurs fleurs peu 
brillantes et dépourvues des nectaires et des autres or- 
ganes que présentent la généralité des plantes , n’attirent 
ni les abeilles, ni les mouches, et je 11’ai jamais aperçu 
sur leurs tiges ou leurs rameaux la moindre trace de ces 
ruptures et de ces désordres que produisent les insectes : 
il semble qu’elles vivent isolées dans l’économie de la 
nature, sans y produire aucun bien ni aucun mal. Elles 
sont regardées en général comme un des fléaux de 
l’agriculture , et Haller assure que celles des champs et 
des marais nuisent essentiellement aux bêtes à cornes , 
dont elles ébranlent les dents et troublent la digestion. 
Cependant tous les jours ces animaux les consomment 
vertes ou sèches , sans qu’il en résulte d’accident notable. 
On sait même que les bestiaux recherchent la Prêle des 
marais, et que les anciens Romains comme les Toscans 
modernes se nourrissoient des jeunes sommités de la 
Prêle des fleuves. On dit même, mais sans l’assurer, que 
ces plantes ne sont pas inutiles à la médecine. Quoi qu'il 
en soit , elles ne servent , au moins jusqu â présent , 
qu’aux ouvriers en bois et en métal. Ils les emploient à 
polir leurs diiférens ouvrages, et ils recherchent dans ce 
but la Prêle d’hiver, dont les tiges^ sont plus rudes et plus 
consistantes que celles des autres espèces. 


MONOGRAPHIE DES PRELES. 9 

Ce qui distingue au premier coup d’œil les Prêles , c’est 
la simplicité apparente de leur structure et leur symétrie 
extérieure. Toutes les parties qui les composent , la ra- 
cine, la tige et les rameaux, sont formées d’anneaux 
emboîtés les uns dans les autres et facilement séparables, 
surtout après l’époque de la croissance. Au moment où. 
la tige sort de terre , on n’aperçoit que les premières ar- 
ticulations , les autres sont encore enveloppées par ces 
membranes scarieuses que quelques Botanistes ont dé- 
signées sous le nom de feuilles, et qui terminent tous 
les anneaux : successivement on voit paroître les arti- 
culations supérieures , entourées à leur circonférence de 
ces rameaux verticillés, qui se subdivisent aussi quelque- 
fois' en rameaux secondaires ou même tertiaires , et dont 
la conformation est exactement la même que celle de la 
tige principale. 

Il y a peu de genres, ou plutôt il n’y en a point où 
les avortemens soient aussi nombreux et aussi manifestes. 
Dans la Prêle fluviatile, tout est arrangé avec une ré- 
gularité surprenante,* les rameaux forment des verticilles 
complets qui naissent à une certaine distance du sol et 
qui sortent ensuite de toutes les articulations supérieures 
sans laisser aucun vide. On en peut dire autant des autres 
Prêles à hampe , où Ion ne voit d’avortement qua l’ex- 
trémité supérieure, qui se prolonge quelquefois en simple 
filet. Mais les Prêles à tige fructifère présentent des 
avortemens de différentes formes ; quelquefois tous leurs 
verticilles manquent et la tige reste nue, quelquefois elles 
ne donnent naissance qu’à quelques rameaux épars et 

a 


a 


/ 


lO monographie des prêles. 

irrégulièrement placés. Plus souvent la tige de ces plantes 
reste nue tant que l’épi fleurit , et quand il est tombé , 
les rameaux se développent assez régulièrement , comme 
on le voit dans les Prêles des marais et des limons. — 
Souvent ces mêmes rameaux prennent un assez grand 
accroissement pour développer eux-mêmes des épis, comme 
le prouvent les variétés des Prêles des marais , des limons 
et des fleuves, que je cite dans cet ouvrage. Enfin , en 
regardant avec quelque attention les verticilles des Prêles 
dont les tiges avortent , on y verra des rameaux assez 
bien développés , d’autres qui n’ont et n’auront que quel- 
ques anneaux, d’autres qui n’en ont qu’un, d’autres enfin 
qui n’ont pu se faire jour , mais qui ont soulevé 
l’écorce â l’endroit où. ils dévoient paroître ; en sorte 
qu’il est impossible , après avoir observé de près toutes 
ces variations dans le développement , de ne pas conclure 
que les Prêles ont été organisées par la nature avec une 
parfaite symétrie, mais que les circonstances extérieures 
ont modifié et modifient sans cesse sous nos yeux leur 
type primordial. 

La tige des Prêles, comme celle des plantes qui vivent 
dans les eaux ou sur leurs bords , est molle et fistuleuse. 
Sa forme extérieure est cylindrique ou polygonale, et 
elle est traversée dans son centre par un tube creux d’un 
diamètre d’autant plus grand que l’espèce habite dans des 
lieux plus humides. Ce tube principal est entouré de 
cylindres plus petits dont le nombre varie selon les es- 
pèces : ceux-ci sont entourés d’autres cylindres plus 
grands, plus extérieurs et qui alternent avec les pré- 


MONOGRAPHIE DES PRELES. il 

cédens ; et ce second rang est souvent suivi d’un troisième : 
le nombre de ces cylindres, dont l’on pourroit peut-être 
compter jusqu’à quatre rangs , va en augmentant dans 
le même individu depuis la base jusqu’au milieu de la 
tige, et il diminue ensuite jusqu’au sommet. M. Mirbel, 
dans son excellente Physiologie des Prêles, publiée dans 
le Bulletin Philomathique pour Floréal an 9 , représente 
tous ces cylindres si réguliers et disposés avec tant de 
symétrie, comme formés par la retraite des cellules qui 
occupent la partie intérieure de la tige. Mais quelle que 
soit l’époque où l’on coupe cette tige , elle offre les mêmes 
cylindres toujours disposés de la même manière ; les ra- 
meaux en sont également pourvus. Or, on ne peut pas 
attribuer un ordre si constant à une circonstance qui de 
sa nature doit présenter de grandes irrégularités, à moins 
qu’on 11e prétende que les cellules étoient organisées de 
manière qu’en se séparant elles dévoient former des 
cylindres parfaits : ce qui revient à dire que les cylindres 
avoient été prédisposés comme les cellules. 

Tous ces cylindres, ou plus exactement tous ces tubes , 
car dans certaines espèces leur coupe horizontale est plus 
ou moins ellypsoide , ne continuent pas sans interruption 
depuis la racine jusqu’au sommet , au contraire ils se 
terminent brusquement à chaque articulation , et ils re- 
commencent dans le même ordre à l’articulation suivante, 
en diminuant toutefois ou en augmentant de nombre, 
selon qu’ils s’éloignent ou qu’ils se rapprochent du milieu 
de la tige, où ils sont toujours plus nombreux. Cette 
organisation appartient également aux rameaux qui ont 


22 MONOGRAPHIE DES PRELES. 

aussi leurs entre- nœuds et leurs nœuds. Ces nœuds ou 
ces articulations constituent la partie véritablement solide 
de la Prèle. G est toujours de là et jamais d’ailleurs que 
sortent les rameaux, et Mirbel observe avec raison que 
i’entre-nœud est organisé comme les végétaux monoco- 
tylés , tandis que le nœud ressemble entièrement pour 
sa structure extérieure aux dicotylés. Les cellules et les 
fausses trachées s’allongent du haut en bas dans toute 
l’étendue de l’entre-nœud, tandis que dans l’articulation 
elles s’étendent horizontalement , et c’est en vertu de 
cette disposition que , selon Mirbel, elles peuvent donner 
naissance aux rameaux. 

La racine des Prêles est formée d’une longue tige prin- 
cipale d un diamètre presque égal à celui de la tige ex- 
térieure, et ramifiée â l’indéfini. Sa consistance est assez 
dure , on y remarque intérieurement les mêmes cylindres 
que j’ai décrits, disposés dans le même ordre, quoiqu’en 
moins grand nombre ; mais le cylindre central et creux y 
est remplacé par un cylindre solide. Ces racines sont ar- 
ticulées comme les tiges , et les rangs de tubes sont in- 
terrompus à chacun de ces anneaux qui sont fort rap- 
prochés. C’est de ces anneaux que partent des radicules 
semblables à celles des autres plantes ; on en voit aussi 
sortir des corps allongés en forme de glands et qui en 
ont à peu près la grosseur. Ils sont organisés intérieure- 
ment comme les racines et percés de tubes cylindriques. 
Ces productions singulières se remarquent dans presque 
toutes les Prêles. Haller et long-temps après De Candolle 
les ont trouvées dans la Prêle des marais; je les ai 


MONOGRAPHIE DES PRELES. i5 

reconnues dans la Prêle des champs et celle des rivières, 
et sans doute quelles se rencontrent dans plusieurs 
autres. On ne connoît point jusqu ici leur usage, mais 
il est clair qu’elles ne sont pas essentielles , puisqu’elles 
manquent souvent. 

C’est une question assez difficile à résoudre que la déter- 
mination du point où. commence la racine véritable de la 
Prêle et où se termine la tige, parce qu’on ne trouve 
pas dans ce genre de plantes ce collet ou ce renflement 
qui existe dans le plus grand nombre des végétaux; au 
contraire la racine jusqu’à une grande profondeur a la 
même organisation que la tige , les mêmes anneaux , 
les mêmes tubes intérieurs, et en général la même ap- 
parence. On pourroit donc la qualifier de tige souter- 
raine, et donner le nom de racine à ces radicules qui, à 
une certaine profondeur, partent circulairement de tous 
les points des différens anneaux. Cependant ces tiges 
souterraines ont d’assez grandes différences avec les tiges 
aériennes : elles sont vivaces, et beaucoup plus consis- 
tantes , parce que leur tube central est plein ; et elles 
sont de plus imprégnées d’une espèce de sève destinée à 
alimenter les nouveaux jets quelles émettent; enfin elles 
sont recouvertes d’un duvet cotonneux et roussâtre plus 
ou moins abondant. Ceci est un nouvel exemple de ces 
nombreuses nuances que la nature a mises entre des 
organes destinés aux mêmes fonctions. Mais je ne puis 
croire avec le Docteur La Roche ( Voyez Monographie 
des Panicauts, Introduction, pag. 2-3 ) , que la seule 
différence réelle entre les tiges souterraines et les tiges 


l4 monographie des prèles. 

proprement dites, vienne de < e que ces dernières sont ex- 
posées à Faction de l’air et de la lumière, tandis que les 
autres sont ensevelies dans le sol. Il est sûr, au contraire, 
que si on enveloppoit de terre les tiges des Prêles, elles 
seraient promptement détruites, tandis que les racines 
subsistent quoiqu’exposées assez long-temps à l’air, et sem- 
blent conserver une force indéfinie de vitalité, au moins 
dans leurs nœuds. 

Pour achever d’émettre mon idée , je dirai qu’on doit 
considérer ce qu’on appelle communément racine dans 
les Prêles , comme une suite continue de collets ou de 
centres de végétation , qui , toutes les fois qu’ils seront 
placés dans des circonstances convenables et assez près 
du terrain , donneront naissance à des tiges , et ces tiges 
feront toujours avec la racine d’où, elles sont sorties 
un angle aigu du côté du sol. Mais comment ces racines 
des Prêles pénètrent- elles à une si grande profondeur 
dans les terrains les plus argilleux , et comment sont-' 
elles terminées ? c’est ce que je ne connois pas encore 
avec une entière certitude. 

L’organisation des rameaux est la même que celle des 
tiges. Ils ont extérieurement leurs divers rangs de cy- 
lindres concentriques. Leurs verticilles sont pourvus de 
gaines ou collerettes , et dans quelques espèces , comme 
la Prêle des bois en particulier, ces rameaux donnent 
naissance à d’autres rameaux secondaires ou même ter- 
tiaires. Mais ces cylindres, ainsi que les dents des gaines sont 
beaucoup moins nombreux , à mesure que Fon s’écarte 
de la tige principale , et les uns et les autres finissent 
par s’évanouir à peu près, aux dernières sommités. 


MONOGRAPHIE DES PRELES. 1 5 

Le nombre des rameaux que fournit une Prêle à chaque 
articulation, lors du moins quil n’y a aucun avortement, 
est exactement égal à celui des tubes du premier ordre 
auxquels ils correspondent, tandis qu’ils sont alternes à 
ceux du second rang. Il en est de même du nombre des 
dents de chaque collerette qui indique toujours le 
nombre complet ou possible des rameaux. Toutes les fois 
que les tiges des Prêles sont striées , ce qui arrive fré- 
quemment, la dent est le prolongement de la partie 
élevée et le rameau est placé dans renfoncement. 

Ce rameau est entouré à sa base de quatre ou cinq 
petites écailles qui ont été considérées quelquefois comme 
des feuilles , mais qui sont uniquement destinées à 
le protéger avant son développement : quelques au- 
teurs ont comparé , avec plus de raison , ces collerettes 
aux gaines de graminées, et les dents aux ligules des 
feuilles ; il est bien vrai qu’il y a beaucoup de res- 
semblance entre les gaines des graminées et des Prêles : 
mais comme jamais les dents de ces dernières ne se pro- 
longent en feuilles , nous dirons que c’est là un de ces 
rapports nombreux qui existent entre des êtres qui 
semblent n’être que des modifications d’un même type, 
et nous conserverons à ces appendices , qui existent dans 
toutes les espèces de Prêles, les noms synonymes de 
collerettes, d’involucres ou de gaines. 

La surface de la tige des Prêles est couverte de ces 
glandes corticales qui se trouvent plus ou moins dans tous 
les végétaux , et que Mirbel a déjà observées dans une 
des especes de ce genre : elles sont placées dans les en- 


v 6 MONOGRAPHIE des prêles. 

fonce mens des stries , tandis que les aspérités se ti ou vent 
sur la convexité du sillon , ou au moins sur ses bords. 
Mais ce qu’on ne peut s’empêcher de remarquer ici, c’est 
que les Prêles qui ont d’ailleurs tant de ressemblances 
qu’il est difficile d’y trouver des caractères suffisans pour 
la distinction des espèces , diffèrent beaucoup entr elles 
pour le nombre et la disposition de ces mêmes glandes. 
Les unes , comme la Prêle des bois , celle des ombrages 
et celle des fleuves , en sont presque dépourvues ; les 
autres, comme celle des marais, en sont plus abondam- 
ment fournies : dans certaines espèces elles sont éparses, 
dans d autres elles sont arrangées dans un ordre régulier. 
11 y a même des différences dans le nombre des rangs 
qu’occupent ces glandes régulières , comme il y en a pour 
la forme et le contour de la glande elle-même. J’ai été 
obligé d’employer ces caractères qui m’ont paru très-cons- 
tans , pour me guider moi-même dans la formation et 
la distinction des espèces. On trouvera dans les planches 
qui sont jointes à cet ouvrage, à côté de chaque espèce, 
la forme et la disposition de ses glandes, et l’on pourra 
toujours observer ce caractère,* lorsqu’on aura quelque 
doute sur l’espèce que l’on examine, il suffira d’erilever 
une légère portion de l’épiderme, et de la débarrasser du 
parenchyme quelle a emporté avec elle. Le microscope 
simple donnera immédiatement la forme et la disposition 
des glandes. 

Toutes ces observations doivent se faire sur les tiges, 
parce que les rameaux pourroient présenter des diffé- 
rences , surtout dans le nombre des rangs. Il en est de 


MONOGRAPHIE DES FRELES. 17 

même des gaines et surtout des racines. Lorsque j’ai voulu 
soumettre au microscope leur surface extérieure , je l’ai 
trouvée composée d’un tissu serré, solide et sans aucune 
apparence de discontinuité , comme il étoit facile de le 
prévoir : c’est donc là une autre différence qui existe 
entre les tiges souterraines et les tiges aériennes. Les 
premières sont toujours lisses , et ne présentent non plus 
aucune de ces aspérités qui sont si communes dans les 
autres. 

Les organes de la reproduction sont portés sur des épis 
coniques, qui tantôt terminent la tige et tantôt en sont 
séparés, quoiqu’ils sortent de la même racine. Dans ce 
dernier cas , la hampe , désignée par les Botanistes sous 
le nom de tige fertile, est dépourvue de rameaux ; du 
reste elle conserve la même organisation intérieure. Quel- 
quefois même, comme dans la Prêle des bois, elle porte 
des rudimens de rameaux qui indiquent un avortement. 
Mais toujours on la reconnoît à sa couleur rougeâtre, à 
ces collerettes agrandies qui protègent 1 épi avant son 
développement. Ces hampes ne subsistent que jusqu’à ce 
que l’épi ait atteint sa maturité et ait répandu ses graines • 
Dès-lors 1 épi se flétrit et disparoit insensiblement avec la 
tige qui le porte , tandis que les autres tiges de la Prêle 
subsistent jusqu’à la fin de l’automne. 

Ce phenotnene singulier de l’existence des Prèles sur 
deux tiges n’appartient complètement qu’à deux espèces, 
celle des champs et celle des fleuves. La Prêle des bois 
et celle des ombrages présentent, comme on le verra , 
un très -beau passage entre les Prêles à tiges stériles et 

5 


J g monographie des prêles. 

les Prêles à tiges fertiles. Toutes les autres espèces connues 
jusqua présent appartiennent à ces dernières. 11 est bien 
vrai que Poiret a cueilli en Barbarie, pies du Bastion de 
France, à lepoque du printemps, une Prêle à hampe 
fleurie qu’il appelle Macro stachion , à cause delà gran- 
deur de son épi ; mais il la considère lui-meme comme 
une variété de la fluviatile , et on doit la regarder comme 
telle jusqu’à ce qu’on ait examiné ses tiges stériles. 

L’épi des Prêles est un assemblage très-serré decailles 
ou involucres polygonaux, qui ne ressemblent pas mal 
à des têtes de clous. Ces têtes ou écailles sont divisées 
dans leur partie inférieure en six ou sept loges membra- 
neuses disposées circulairement , et qui s ouvrent en de- 
dans par une fente longitudinale. Il en sort, au moment 
de l’inflorescence , lorsque les écailles s’écartent les unes 
des autres , et surtout lorsqu’on les secoue, une poussière 
bleuâtre et qui forme comme un nuage autour de 1 épi. 
Cette poussière , reçue sur du papier blanc et examinée 
attentivement, change promptement de forme et ne tarde 
pas à ressembler à un duvet cotonneux. En suivant 
l’observation avec une bonne loupe , on aperçoit bientôt 
que cette poussière est formée d’un immense amas de 
grains verts , dont chacun porte à sa base quatre lames 
élastiques spatulées à leur sommet et recouvertes de pul- 
viscules : ces lames, qui étoient d’abord roulées autour 
du grain, n’ont pas plutôt perdu l’humidité dont elles 
étoient imprégnées qu’elles se développent par un mouve- 
ment d’élasticité ou d’irritabilité , et s agitent en mille sens 
divers, en s’élevant et s’abaissant sur le papier où elles 


I 


MONOGRAPHIE OES PRELES. 19 

ont été répandues. Le phénomène cesse si on les plonge 
dans l’eau, ou seulement si on les humecte avec l’haleine. 
Elles se replient alors autour du grain vert qu’elles en- 
veloppoient primitivement, et reprennent leur première 
apparence. Ce joli phénomène, qui a été observé par les 
plus anciens Botanistes, se répète autant de fois qu’on 
le désire. 

Y a-t-il quelque ressemblance entre les organes que je 
viens de décrire et ceux qui servent à la reproduction 
des plantes phanérogames ? Peut-on croire que les lames 
soient des étamines , que les pulviscules qui les recou- 
vrent remplissent les fonctions de la poussière fécondante^ 
et que les petits grains verts soient des semences ou peut- 
être des capsules ? C’est là du moins l’opinion qui se 
présente naturellement, quand on considère avec soin 
cet ingénieux appareil, et c’est celle d’Hedwig dans sa 
Théorie de la Génération et de la Fructification des 
plantes cryptogames. Cet auteur a même cru apercevoir 
dans le grain vert un petit prolongement auquel il donne 
le nom de style, et qui étoit surtout apparent avant la 
maturité de l'épi et louverture naturelle de la loge. 

Mais toutes probables que fussent ces conjectures , il 
falloit les vérifier par des expériences. C’est ce que j’ai 
fait dès l’année 1817. J’ai mis dans l’eau ces graines sup- 
posées des Prêles , pour voir si ce liquide y détermineroit 
quelques développemens, et en même temps j’en ai semé 
d’autres dans des vases remplis d’un terreau très-fin, que 
j’eus soin d'entretenir constamment humide. Cetoit le 3 
Avril, à l’époque de {apparition des Prêles à hampe. An 


20 MONOGRAPHIE DES PRELES. 

bout de deux jours , les grains plongés dans l’eau mon- 
troient une petite pointe à peu près du tiers de leur 
diamètre. Le troisième jour cette pointe s’étoit considéra- 
blement allongée, elle étoit transparente et ressembioit à 
un tube vide. Le quatrième et le cinquième jour l'ac- 
croisse ment étoit si remarquable, que, prévoyant l’étiole- 
ment du filet , je tirai de l’eau une partie de ces grains 
en état de germination , pour les placer sur une terre 
humectée où leur développement seroit moins rapide. 

Les grains qui avoient été semés dans des vases sans 
immersion préalable n’éprouvèrent d’abord aucun change- 
ment. Il sembloit même quelquefois qu’ils étoient perdus 
ou détruits, parce qu’on n’observoit aucune teinte verte 
sur la place même où ils avoient été répandus en plus 
grande abondance. Mais enfin, au bout d’un mois, le 
vase parut reverdir. A cette époque, les grains observés 
au microscope s’étoient considérablement développés ; 
d’un côté ils avoient poussé une ou deux radicules 
simples et blanchâtres qui s’enfonçoient en terre , et de 
l’autre ils s’étoient renflés et divisés d’abord en deux, en 
suite en trois et quatre lobes. Ils continuèrent à croître 
pendant tout le cours du mois de Mai; vers le i 5 , ils 
avoient à peu près la forme indiquée dans la PI. i. re , 
fig. 3. Dès-lors ils se ramifièrent à tel point, qu’on 
ne pouvoit pas embrasser leur ensemble au microscope 
composé. On les voyoit distinctement à l’œil nu , et on 
les auroit aisément pris pour de jeunes Jongermannes 
au feuillage frisé. A la loupe, et surtout au microscope, 
c’étoient des tiges cylindriques, nombreuses, articulées et 
ramassées en faisceau. ( Voy. Pl. i. re , fig. 4 .) 


MONOGRAPHIE DES PRÊLES. 21 

Pour éclaircir de plus en plus cet intéressant sujet , j’ai 
mis successivement en expérience ies grains de la Prêle 
fluviatile, de la Prêle des marais et de la limoneuse, et 
j’ai suivi leurs développemens en parallèle avec ceux de 
la Prêle des champs. La fluviatile dont j'espérois beau- 
coup, parce que ses dimensions sont très-considérables, 
ne m’a offert que des grains égaux en grosseur , ou peut- 
être même plus petits que ceux des autres Prêles. Ils se 
sont agrandis de la même manière et ont présenté les 
mêmes apparences. Il en a été de même des grains des 
deux autres Prêles que j’ai fait germer dans des vases conti- 
nuellement humectés, parce que ces plantes croissent de 
préférence dans les mares et les petits étangs. Leurs grains 
ont pris les développemens qui sont désignés dans les 
figures qui appartiennent à ces espèces. * 

Mais ils se sont arrêtés à ce terme, malgré les pré- 
cautions que j’avais prises pour les préserver de l’air ex- 
térieur et pour les tenir toujours humides. Je les ai 
d’abord vus rester stationnaires , ensuite perdre insensible- 
ment leurs racines , et enfin se flétrir et disparoître. Les 
fléaux dont ces jeunes plantes ont été les victimes sont 
d’abord les mousses et principalement le Funaire hygromé- 
trique, qui les ont successivement envahies : ensuite elles ont 
été atteintes d’une espèce de chancre ou de pourriture qui 
les a gonflées intérieurement et les a enfin converties en 
une gelée d’un vert foncé et livide qui a quelquefois re- 
couvert une grande partie du vase. Mais leur pius dan- 
gereux ennemi a été le bysse terrestre, et une petite 
conferve parasite, presque microscopique et non encore 


22 MONOGRAPHIE DES PRELES. 

décrite, qui sembloit se nourrir de leur substance et pre- 
noit des accroissemens très-rapides. Comme je n’étois pas 
en garde contre ces différentes attaques , je n’ai pas lutté , 
comme j’aurois dû, dès le premier envahissement; mais 
je dois avouer que dans les années qui ont suivi 1817, 
je n’ai pas été plus heureux, soit parce que la tempéra- 
ture extérieure n’a pas été favorable, soit surtout parce 
que j’ai observé avec plus de négligence. Mais je re- 
commencerai mes expériences avec une nouvelle attention 
dans le printemps de cette année ( 1822 ). 

Cependant ce que j’ai vu tant de fois suffit, je pense, 
pour constater que le grain vert est bien la semence des 
Prêles, qui sont des plantes acotylédones , puisque ce 
grain tout entier se développe sans qu’on puisse y aper- 
cevoir aucun corps étranger à l’embryon ou à la plant ule. 
Je 11e suis pas entièrement convaincu que le filet ou la 
plumule parte précisément du point où Hedwig a cru 
observer un rudiment de style, mais la racine ou les 
radicules sortent bien du point opposé au filet. Je ne 
pense pas non plus que l’on puisse s’assurer par des ex- 
périences directes que les quatre filets soient des étamines, 
et que les pulviscules qui les recouvrent soient un vé- 
ritable pollen. Cependant l’analogie est fortement pro- 
noncée pour cette opinion , surtout si l'on convient qu’il 
ne faut pas chercher ici des anthères et des loges sem- 
blables à celles des plantes phanérogames, et il faut avouer 
que les mouveroens élastiques des lames qui entourent le 
grain vert sont merveilleusement propres à secouer la 
poussière fécondante, et à favoriser la dissémination des 


MONOGRAPHIE DES PRELES. 2$ 

graines fécondées. Mais si l’on ne peut douter que les 
grains verts ne soient de véritables semences, on doit 
s’étonner de ce qu’elles remplissent si mal leur destina- 
tion ; car je n’ai jamais trouvé une seule Prêle qui ne 
me parût pas fort ancienne et dont la racine ne se 
prolongeât pas indéfiniment dans la terre. Je crois que 
les autres Botanistes n’ont pas été plus heureux. Il faut 
donc convenir, au moins jusqu à présent, que les Prêles 
sont des plantes dont les mêmes individus subsistent 
depuis un temps dont on ne sauroit assigner le terme, 
et qui répandent chaque année des myriades de graines 
autrefois fertiles , aujourd’hui infécondes. Y a-t-il beau- 
coup de genres qui ressemblent à cet égard à celui des 
Prêles ? C’est ce que j’ignore entièrement. 

S’il n’y a point de genre en Botanique qui soit plus 
distinct que celui des Prêles , il n’y en a point peut-être 
non plus où les véritables espèces soient plus difficiles à 
distinguer. Tant que les auteurs systématiques se sont 
contentés de décrire celles qui étoient anciennement 
connues, comme la Prêle des champs, la fluviatile, celle 
des bois j celle des limons, celle des marais et celle 
d’hiver, la nomenclature en étoit facile, parce que leur 
port différent, le lieu de leur habitation, et d’autres ca- 
ractères aussi simples que frappans , suffisoient à les 
distinguer. Mais lorsqu’ils y ont ajouté la Prêle que j’ai 
appelée multiforme, à cause des nombreuses variétés 
quelle présente, et surtout lorsque nos Botanistes voya- 
geurs ont apporté des pays étrangers ces Prêles qui, 
quoique recueillies dans des climats très-düférens , pré- 


24 MONOGRAPHIE DES PRELES. 

sentoient toutes à peu près le même type, alors la diffi- 
culté s’est beaucoup accrue , et la distribution en espèces 
bien distinctes et bien faciles à reconnoître a été presque 
impossible. Pour tirer ce genre du cahos où il alloit être 
plongé, j’ai fait ce que j’ai pu , et surtout j’ai commencé 
un travail qu’achèveront les autres. J’ai représenté par 
des figures exactes toutes les Prêles que je possédois ou 
que j’avois pu me procurer par le secours de mes amis* 
et je les ai accompagnées de définitions et de descriptions 
qui m’ont paru suffisantes. J’ai tâché ensuite d’y recon- 
noître des caractères précis, constans, ou qui ne varioient 
que dans certaines limites; j’ai adopté comme principe* 
de ne pas réunir facilement sous la même espèce des 
Prêles provenant de pays très-difïérens , quand même ces 
Prêles présentoient quelque ressemblance. J’ai observé sur 
place toutes les espèces qui étoient à ma portée, afin de 
bien distinguer la variété de l’espèce. Enfin , j’ai rejeté 
dans un appendice toutes les Prêles que je navois pu 
voir de mes yeux et qui n 'étoient pas suffisamment dé- 
crites, en indiquant toutefois celles qui ne me paroissoient 
former que des variétés, et celles, au contraire, qui me 
sembloient constituer des espèces. Au moyen de toutes 
ces précautions , j espère avoir fait un ouvrage utile à la 
science, et j ose solliciter des Botanistes qui s’intéresseront 
à mon travail, soit des remarques propres à le compléter, 
soit des renseignemens sur les espèces encore mal connues. 
Je publierai ces observations en forme de supplément , 
et je parviendrai ainsi à compléter insensiblement cette 
Monographie. 


MONOGRAPHIE DES PRELES» 2 5 

Afin de mettre les Botanistes en état de juger des 
soins que j’ai donnés soit à la distinction des espèces, soit 
à leur distribution en groupes ou petites familles, je vais 
faire connoître les caractères que j’ai employés et la ma- 
nière dont je les ai subordonnés. 

Celui que je place au premier rang, parce qu’il semble 
indiqué par la nature , et que tous les Botanistes l’ont 
adopté, c’est celui de linflorescence. Les Prêles qui ont 
une hampe et une tige stérile doivent être évidemment 
séparées des autres. Les légères anomalies que présente 
ce caractère et dont j’ai déjà fait mention , n’ont aucune 
importance et ne peuvent donner lieu à aucune erreur 
durable : malheureusement il ne s’applique quà quatre 
espèces. 

Je placerois bien ici, pour second caractère, la subdi- 
vision des rameaux ; mais il n’y a que deux Prêles dont 
les rameaux soient manifestement subdivisés , et elles 
appartiennent 1 une et 1 autre à la section des Prêles à 
hampe. On trouve bien, il est vrai, quelques subdivisions 
dans la Prêle des champs, mais elles sont peu apparentes 
et assez, rares. 

Le second caractère fondamental est le nombre des dents 
de la gaine ou de la collerette. Ce nombre est exactement 
le même que celui des tubes intérieurs , ou des stries , ou 
des rameaux quand il n’y a point d’avortement. Mais il 
faut remarquer que le nombre de ces dents n’est pas cons- 
tant, et qu’il va, au contraire, en croissant depuis la base 
jusqu’au milieu de la tige où il atteint son maximum : de 
plus , les divers individus de la même espèce présentent 

4 


a6 


MONOGRAPHIE DES PRELES. 

encore quelques différences à cet égard selon l’étendue de 
leur accroissement : mais ces variations sont comprises 
entre certaines limites quelles ne dépassent jamais et 
qui suffisent pour la distinction des espèces. Ainsi, par 
exemple , dans la Prêle fluviatile le maximum des dents 
varie à peu près de 28 à 4o, dans la limoneuse de 17 à 22, 
dans celle d’hiver de 14 à 18, dans celle des champs, de 
9 à 12, dans celle des marais, de 6 à 8 , et dans celle des 
bois de 10 à 12. 11 est bien entendu qui! ne s’agit ici que 
des tiges, car les rameaux ont proportionuément beaucoup 
moins de dents , et les ramilles ou rameaux secondaires 
encore moins. 

Le troisième caractère est celui de la tige qui est tantôt 
cylindrique , tantôt plus ou moins anguleuse , tantôt lisse 
et unie , tantôt striée et raboteuse. Les aspérités plus ou 
moins marquées, qui placées au bord des sillons, donnent 
à la Prêle cette propriété de polir pour laquelle elle est 
employée dans les arts , ne se rencontrent ni dans les 
haffipes, ni dans les Prêles qui habitent les eaux , comme 
la limoneuse : elles varient en intensité dans la même es- 
pèce, selon le lieu où elle a cru; mais, prises dans cer- 
taines limites , elles peuvent fournir de très-bonnes dis- 
tinctions. 

Le quatrième caractère est celui de la régularité des ra- 
meaux , certaines espèces ont leurs verticilles toujours 
complets , principalement les espèces à hampe, tandis que 
les autres les ont toujours incomplets ou même nuis. Ce 
caractère pourra donc être employé , soit pour séparer 
absolument certaines espèces , dans lesquelles il n’y a que 


MONOGRAPHIE DES PRELES. 27 

peu ou point d’avortemens , soit pour distinguer celles qui 
ont peu de rameaux , de celles qui n’en ont point; il fau- 
dra observer toutefois que, dans les Prêles privées de hampe, 
les rameaux ne se développent guères qu’après la chute 
de l’épi à l’époque où ils commencent à recevoir la sève 
avec plus d’abondance : on en peut voir des exemples 
frappans , dans les Prêles des limons et des marais. Toutes 
les fois que la Prêle multiforme développe une tige 
principale , cette tige est chargée de rameaux , tandis 
que les autres en sont privées. 

Il existe enfin un dernier caractère auquel j’ai été obligé 
de recourir pour distinguer dans les mêmes groupes des 
espèces malheureusement trop voisines , c’est celui des 
glandes corticales; caractère qui se trouve par hasard très- 
varié dans les Prêles. Je ne sais pas si la même chose a lieu 
dans d’autres genres, mais ici on peut dire avec vérité qu’il y 
a, selon les espèces de Prêles, une très-grande différence dans 
la forme , le nombre et la distribution de ces glandes : je 
me suis déjà étendu sur ce sujet. J’ajouterai seulement 
ici , que la figure de chaque espèce sera accompagnée de 
celle de ses glandes, et qu’on pourra toujours recourir à 
cette note distinctive dans les cas difficiles , et lorsque 
les autres manqueront. 

Indépendamment de ces caractères principaux , il en 
est ci autres accessoires quon ne doit pas entièrement né- 
gliger. Tei est celui des tubes intérieurs , qui varient pour 
le nombre des rangs et pour la forme. Quelques Prêles ont 
deux rangs de tubes , tandis que d’autres en ont trois : k 
plupart sont cylindriques , cependant ceux de la Prêle des 


2 8 MONOGRAPHIE DES PRELES. 

limons sont allongés dans le sens de la circonférence, et ceux 
de la Prêle des champs le sont dans celui du rayon. Tel est 
le caractère des rameaux qui, ordinairement cylindriques* 
sont anguleux dans la Prêle des champs et dans quelques 
autres. Tel est celui de la consistance de la tige qui est 
quelquefois assez solide et quelquefois fistuleuse; tels sont 
enfin ceux; du port, de la hauteur, du diamètre des tiges, et 
de leur durée, car il en est qui résistent à l’hiver, tandis 
que les autres sont détruites avant la fin de l’automne. Par 
rapport au nombre des rameaux, à la forme des dents* 
aux appendices transparens qui les terminent , à l’ampli- 
tude des collerettes, aux couleurs dont elles sont teintes et 
aux autres caractères qu’ont souvent employés les Bota- 
nistes, il faut s’en défier beaucoup, parce qu’ils dépendent » 
en grande partie , de la saison de l’année où l’on observe 
la plante , du terrein sur lequel elle a cru , de la quantité 
d’épis dont elle est chargée et d'autres circonstances faciles 
à imaginer. 

Enfin, j’ajouterai, en terminant cette physiologie, que 
la fructification des Prêles ne m’a paru admettre aucune 
variation importante. Toutes les espèces que j’ai exa- 
minées ont leur épi conique , leurs écailles polygonales , 
leurs quatre lames élastiques , leurs graines nues et à peu 
près sphériques. Les seules différences que j’aie aperçues, 
au moins jusqu’à présent , n’ont consisté que dans les di- 
mensions de ces parties dont le nombre et les proportions 
m’ont paru à peu près invariables. Mais autant 1 appareil 
de la fructification est semblable à lui-même dans les di- 
verses espèces de Prêles , autant il s’éloigne de tous les 


MONOGRAPHIE DES PRELES. 29 

autres. Les Ephédras, les Charagnes et les Filaos surtout» 
qui ont à l’extérieur » et dans la structure des tiges de grands 
rapports avec les Prêles, s’en éloignent entièrement dans 
tout ce qui concerne la fructification. Je ne désespère pas » 
comme je l’ai déjà dit , qu’on ne trouve enfin des familles , 
qui lient les Prêles à ces premiers genres ; mais je suis en- 
core plus porté à croire que ces familles ont été détruites 
dans les grandes catastrophes dont notre terre a été au- 
trefois le théâtre, et qui ont fait disparoitre un si grand 
nombre de formes , soit animales , soit végétales. En effet , 
on vient de découvrir presque simultanément dans un 
grand nombre de terrains houillers , des empreintes de 
végétaux dont l’organisation et la forme extérieure dé- 
voient avoir les plus grands rapports avec les Prêles, mais 
qui en différoient cependant par la grandeur de leurs di- 
mensions, qui alloient en épaisseur jusqu’à trois décimètres 
et en hauteur jusqu’à quatre mètres ; tandis que les tiges 
des plus grandes Prêles actuelles n’ont pas plus d’un pouce 
dans le premier sens , et de quatre à cinq pieds , dans le 
second,- plusieurs même ne s’élèvent pas jusqu’à un pied, 
et n’ont pas plus de deux ou trois lignes de diamètre. Il 
est fort vraisemblable que , parmi ces antiques et énormes 
végétaux herbacés', plusieurs av oient l’organisation des 
Prêles, sans posséder leur fructification , ou enfin, consti- 
tuoient des familles intermédiaires entre ce genre et ceux 
qui en sont actuellement le plus voisins. On peut même 
soupçonner que ces grandes catastrophes dont les débris 
sont encore sous nos yeux , ont fait disparoitre une foule 
d’êtres qui unissoient entre eux ceux qui subsistent encore» 


3o MONOGRAPHIE des prêles. 

et qui, dans cette supposition, ne seroientque desfragmens 
épars d’un ordre naturel bien plus parfait que celui quo 
nous avons sous les yeux. Au reste , la plupart de ces- 
idées sont déjà indiquées dans un beau mémoire que 
M, Alexandre Brongniart a publié dernièrement dans 
les annales des mines, année 1821 , et elles seront en- 
core plus développées dans un ouvrage du même auteur 
qui ne tardera pas de paraître, et qui renfermera une clas- 
sification de ceux de ces végétaux pétrifiés qui ont déjà 
été étudiés. Quelques auteurs Allemands , et en particu- 
lier M. de Sternberg se sont déjà occupés de ces objets» 


<v> v<<ï 


MONOGRAPHIE DES PRELES. 3l 



CARACTÈRE NATUREL 


DES PRÊLES. 


T / rs Prêles ont une tige plus ou moins simple , dont les branches 
sont toujours verticillées. Cette tige, ainsi que ses rameaux, est 
formée d’articles allongés, munis à leur point de jonction d’une gaine 
dentée. L'appareil delà fructification est porté sur un épi terminal, 
conique , serré et composé de corpuscules pédicellés assez semblables 
à des têtes de clous: en dessous sont placés des cornets membraneux, 
qui s’ouvrent sur leur face interne par une fente longitudinale. Ces 
cornets renferment des globules verdâtres , sphériques , qui sont 
autant de semences acotylédones ; chacun d’eux est surmonté par 
quatre lames brillantes , élargies à leur sommet, roulées et appli- 
quées autour des globules lorsqu’elles sont humides , étalées et ou- 
vertes en croix lorsqu’elles sont sèches. Ces lames sont recouvertes 
de pulviscules sphériques, au moment où les graines sortent de 
leur cornet , et l’on ne peut guères douter que ces pulviscules ne 
soient la poussière fécondante , que le mouvement élastique et 
hygrométrique des lames répand sur les graines. 

La fructification des Prêles n’a aucun rapport avec celle des 
autres plantes actuellement connues , mais leur structure et surtout 
leur port ont quelque ressemblance avec la structure et le por 
des Casuarines et des Charagnes, 

Dans le tableau synoptique suivant, les dents, ainsi que les 
glandes, sont toujours comptées vers le milieu de la tige princi- 


Prêles privées de hampes. 


ra 2 

s s 

O 

B S 
" O 
^ O 
2 09 

er.g 
2. » 
T - T* 


g 

O 

H* 

B 

W5 

eu 

» 

►« 

O 

Cl* 

fi> 

B 


C- 

« 


P- 

s 


g 

O 

3 * 


tn 

P4 

« 

B 


g 

S - 


tn 

CU 

ra 

B 


g 

O 

H • 

B 

00 

O* 

» 

"m 

en 

eu 

ra 

B 


A WJ 

» B- 

<£ g, 

09 fl* 


eu 

2 

Û3 

S 

g 


B 

eu 

P 

B 

eu 

eu 

Urf 

fl) 

0» 

of 

ra 

GO 

& 

B 

en 

O) 

C0 

B 

C0 

09 

B 


03 

eu 


•ra 

« 

B 


eu 

ra 

B 



B 

CIQ 


A 

03 


B 

CTQ 


B 

<0 

r* 

ft» 

fl 


H 

3 

n 

ra» 

A 

fl 

p 

3 

H 

U* 

CDs 

fl) 

«? 

a 

a 

p 

p 

09 

« en 

r+ fa 

a 2 

ra en’ 

r* ra 

2 t§- 

ra 

00 

C 

*■*• 

A 

ra 

• 

m 
»— * 

(D 

t 

P 

B, 

-4 

fl) 

*4 

B 5 - 

fl * 

£ = 
fl fl 

• 

• 

• 

W" 

«î 

«s 

fl 

00 

Pj 

« 

p*- ^3 

P> B 

— r» 

er as 
C C 

• 

• 

>ê 

C 0 

fe- 

3 

A 

« O 
C 

ra o 

p 

• 

• 

• 

ra 

s 

• fl 

• ra 




B 

rf 

er- 

. er 


• 

0 

ra 

• 

ra 

« >-i 

2 





H1 

en 


9 

8 

H 

B 

o 

5 

w 

H 

A 

S 

w 


nj 

H—» 

B 


eu 

O 


en 

8* 

B 


►* en 

c » 

C- rt 

s =i 

«1 

• a 

J5* 

• B 
ra 

• as- 

. TL 

B 

00 

: s- 


O 


B 

o 

B 




- ^ 

s a. 

*** 

H fô 
m 

CS « 

& s 

«• ra 
ra 

• pÜ 

• sr 

• ra 


2 

B - 

en 

eu 

ra 

y 

*-! 

SS> 

B 

en 

<0 

eu 

ra 

en, 

S - 

B 

Cu 


B 

en 


rts 

ra 

as 


•s. 

b 

B 

eu 

ra 


hj 

!» 

w» 

B» 

W 

09 

ns 

C 

j2 

n 

< 

P 

m 

03 

O* 

CD 

cr 

a? 

I 

« 


SJ 

B 

en 

B 


en 

P- 


eu 

ra 

B 


ns 

a 

«► 

?T 

p- 

P- 

p 

3 

ns 


B 

►o 

p 


SB 

p 

B 

«> 

p 

B 

* 

Sa- 

ns 

ra 

B 

ns 

T, 

ra* 

v> 

06 

B 

ns 


W 

P* 

(t> 


a> SS 


ns 

a 

<&> 

ôT 


ns 

<&» 


^ «> 

fi CB 

-? Oq 
O 


Cb g. 


S - 

cS 


B - 

P* 


3 

B, 


3 

ra 


2 

ra> 


eu 

fl) 

a 

O 

B 

en 


25 

o 

P- 


3 

ns 


p 
►— » 
r* 
» 


ta ns 


* 

2 - 

B 


0 

ST 

1 

eu 


Cu 

« 

10 

CD 


Ol 

C 


eu 

« 

B 


25 

nT* 

eu 

ra 

o 


ko 

eu 

et 

a 


? 

fl> 

ra 

ns 

M 

25 

«r 

ns 

a 

fpj 

(T 

ns 

a 

ra> 

ra - 

nj 

A 

25 

« 

Piêle 

ns 

*— 

ra> 

cT 

2 

25 

ST 

2 

ra> 

ra - 

ns 

A 

ra> 

ra“ 

n) 

A 

ra> 

?T 

00 

eu 

eu 

eu 

►—J 
H • 

a 

C 2 . 

fl 

p 

eu 

et 

eu 

eu 

ra 

Cu 

a 

• 5 ' 

B - 

sr 

a 

et 

à 

§ 

ra 

CO 

g 

ra 

fl 

3 

O 

ra 

B 

en* 

p 

g 

ra 

3 

9 î 

ra» 

ra 

OP 

3 

P 

fl 

S 

ô 

3 

oc 

tr 

S* 

00 

£3 

ra 

C 

r 

o 

M 

&• 


00 

ra 

co 

U 2 


3 . 

2 


-< 

ra 


B 

fl) 


ns 

a 

f&> 


B - 

P 

3 

ns 


Tableau synoptique et analytique des espèces contenues dans le genre des Prêles . 


33 


MONOGRAPHIE DES PRELES. 


DESCRIPTION DES ESPÈCES. 


Prêles à hampe parfaite. 

DIX A QUATORZE DENTS. 

Equisetum cnvense. Prêle des champs 

Equisetum caule sterili sulcato , subscabro , striis circiter duo - 
dénis, dentibus totidem , rainis scabriusculis, tetragonis ; caule f rue- 
tijicante nudo evanido , involucris Iaxis , dentibus duodecim. 

Syn. Equisetum arvense Linn. Lam. Flor. Franc. Dict. Bot. et 
omnium auctorum. 

A. Equisetum (triquetrum'). Caule sulcato , striis circiter duo- 
decim, ramis trigonis. Bory-St. Vincent. 

Equisetum amphibolum. Retz , Supp. Flor. Scand. 

Les tiges stériles sont fistuleuses , et présentent dans leur section 
horizontale trois rangs de cylindres dont le nombre varie de dix à 
quatorze. Les dents de la gaîne sont aiguës et allongées. Les ra- 
meaux sont ordinairement complets dans les verticilles du centre, 
mais ils avortent vers le sommet qui se prolonge souvent en tige 
simple et effilée. Us sont anguleux et télragones , presque toujours 
simples , quelquefois cependant ils se divisent un peu , surtout dans 
les verticilles inférieurs mais cette ramification est bien loin de 
ressembler à celle de la Prêle des bois. 

La hampe part de la même racine que la tige stérile, mais elle se 
montre plus tôt ; elle est moins grande et moins consistante ; ses 
gaînes sont nussi plus renflées et plus allongées; on peut remarquer 
les memes caractères dans la hampe de la Prêle fluvialde , qui ne 
diffère de celle des champs que par ses dimensions , et le nombre 

5 


54 monographie des prêles. 

beaucoup plus considérable de ses dents ; toutes les deux ont leur 
tube central entouré d’un seul rang de cylindres. 

Celte espèce, la plus commune de toutes dans nos climats, se 
plaît dans les glaises humides , où I on ne peut parvenir à la dé- 
truire. Elle fleurit au mois d’Avril , et, perd promptement ses 
hampes, mais les tiges subsistent .jusqu’aux premiers froids. Son 
port est très-variable, ordinairement elle est droite , quelquefois 
cependant elle est couchée. Ses rameaux sont aussi plus ou moins 
étalés, mais elle se distingue toujours facilement des autres es- 
pèces. 

Elle est sujette à la maladie dont j’ai parlé dans le discours pré- 
liminaire, et qui est une espèce de rouille. 

Je n’ai jamais vu dans celte espèce les tiges stériles porter des 

fleurs. 

Elle habite dans toute l’Europe , et se trouve encore dans l’A- 
mérique septentrionale , selon Humboldt et Bigelow. 

A. Celte variété a été cueillie par Bory-Saint-Vincent, dans les 
plaines d’Eylau : elle se distingue de YEquisetum arçense par ses 
anneaux plus rapprochés, ses rameaux plus serrés, et qui sont tou- 
jours trigones ; c’est pourquoi elle a été désignée par le nom d’E~ 
quisetum triquetrum ; mais ces différences ne suffisent pas pour 
constituer une espèce , d’autant plus que j’ai souvent observé dans 
l’espèce ordinaire des rameaux trigones; la meme variété a été 
cueillie en Scanie par Agardh , et se trouve dans l’herbier de M. 
Des Fontaines. 

Planch. I. Fig. i. Prêle des champs. 

Fig. 2 . Hampe de là Prêle des champs. 

Fi". 5. Epiderme avec ses glandes vues au microscope. 

Fig. 4- Section horizontale de la tige avec ses différens 
ordres de tubes. 

Fig. 5. Graines avec leurs lames élastiques. 

Fig. 6. Les mêmes , dans leurs différens degrés de dé- 
veloppement. 


MONOGRAPHIE DES PRELES. 35 

/ 

VINGT- SIX A TRENTE DENTS. 

Equisetum fluviatile. Prêle fluviatile. 

Caule sterili cylindnco , glabro , denlibus et ram is circiter Iriginia: 
Gaule fructifîcanie nudo , evanido , involucris Iaxis , sirüs triginta , 

Sya. Equisetum fluviatile , Lin. 

Equisetum palustre longioribus setis. C. B. Pin. i 5. 

Equisetum maximum. La Marck. F!or. Fr. 

Equisetum heleocharin , Èhrh. Plant, crypf. 

Equisetum telmateya Elir. Plant, cryp. exsic. 3i. 

Equisetum ebumeum Schreb. Roth, Cat. Bot. I. pag. 128 , 

Equisetum macros tach ion , Poiret. Dict. Botan. 

La tige est droite , fisluleuse , et souvent remarquable par sa 
blancheur et son poli. Sa coupe horizontale offre deux rangs de 
cylindres dont le nombre moyen va au - delà de trente. Les dents 
de la gaine * toujours en même nombre que les cylindres in- 
térieurs , sont étroites , noirâtres , et serrées contre la tige ; 
cette espèce est celle qui présente le plus de régularité dans ses 
parties. Ses rameaux n’avortent jamais, au moins dans les verticilles 
inférieurs. Ils sont octogones ou décagones , à huit ou neuf articu- 
lations , et jamais subdivisés ; ils sont serrés contre la tige à l’époque 
de leur développement, et s’étalent ensuite. 

Cette espèce, plus grande et plus développée que la précédente, 
atteint quelquefois la grandeur de quatre pieds ; elle se rencontre 
le long des haies humides et des ruisseaux; ses différens aspects ont 
trompé quelques Botanistes , qui Pont décrite sous deux noms 
différens. 

Sa hampe paraît au printemps , à la même époque que 
la Prèle des champs , dont elle ne se distingue guère» que par 
ses dimensions doubles ou triples. Cette hampe rougeâtre est re- 
vêtue de gaines fort amples et fort allongées. Leurs dents, aiguës 


56 monographie des prêles. 

et courtes, sont aussi nombreuses que celles de la tige stérile. C’est 
une erreur d’imaginer comme l’a fait Roth , que la hampe fructifère 
pousse des feuilles après la cliûte de l’épi; il n’y a point de 
rapport entre l’organisation de la tige stérile et celle de la hampe ; 
cette dernière meurt constamment après avoir répandu ses graines.. 

Cette espèce est sujette à la rouille ( uredo ) , comme l’espèce 
précédente. Elle se développe pendant tout le cours du printemps 
et périt jusqu’à la racine par les premiers froids. 

Elle présente quatre variétés ou monstruosités fort remarquables. 

Dans la première, la hampe est divisée jusqu’à la base en quatre 
ou cinq épis partiels. 

Dans la seconde , les tiges stériles , entièrement semblables aux 
autres , sont terminées par des épis très-bien formés qui donnent 
des graines fécondes. 

Dans la troisième , les tiges , non - seulement portent des épis 
Semblables à ceux des hampes, mais elles ont de plus leurs ra- 
meaux pourvus d’épis plus petits et fructifères. 

Dans la quatrième , les verticilles sont contournés en spirale de- 
puis le bas de la plante jusqu’à son sommet. Voyez. Planch. II. A. 

La première de ces variétés a été rencontrée près de Nyon, en 
Suisse. La seconde et la troisième près de Nyon et de Berne , et 
la quatrième près de Thun. C’est M. Trog , Botaniste de cette ville 
qui l’a communiquée à M. De Candolle, 

L ’ Equiselum mctcrostachion de Poiret , trouvé en Barbarie , près 
du bastion de France, n’est sans doute qu’une variété du fluviatile , 
quoiqu’on ne connoisse pas encore ses tiges stériles. 

Plane. II. Fig. x. Tige stérile de Prêle fluviatile. 

2. Hampe ou tige fertile, 

5. Semences de Prêle fluviatile dans leur pre-r 
mier état. 

5 f . Les mêmes pourvues de leurs lames élastiques. 

4« Semences dan? différens degrés de dévelop- 
pement, 


MONOGRAPHIE DES PRELES. 'h r J 

5. Epiderme de la tige vu au microscope , et dépourvu 

de glandes. 

6. Section horizontale vue au microscope. 

Planch. II. A. Prêle fîuviatile contournée en spirale* 


Prêles à hampe imparfaites, 

DIX A QUATORZE DENTS. 

Equisetum syhaticum , Prêle des bois. 

Equisetum caule sterili , fistuloso striato , detitibus et ramis cir- 
citer duodecim , ramis repetito ramosis , arcuato defexis ; caule 
fractificante y fere nudo, vaginis Iaxis , ramis paucioribus , depau - 
peratis. 

Syn. Equisetwn syhaiicum Linn. La Marck. Dict. Bot. et 
omnium fere auctorum. 

Equisetum capillare Hoff. Germ. crypt. 3. 

Equisetum sylvaticum tenuissimis setis Bauh. Pin. 16. 

Sa tige est striée , fistuleuse , fragile et épineuse à la loupe. 
Ses gaînes sont roussâtres , allongées , inégalement dentées. Ses 
verlicilles sont complets et réguliers dans les tiges stériles ou dans 
celles qui ne portent que des épis courts et minces. Les rameaux 
sont anguleux, plusieurs fois divisés, recourbés, d’abord quadran- 
gulaires et ensuite triquètres, Les tiges fertiles sont rougeâtres, 
formées de sept ou huit articulations dont les inférieures sont dé- 
pourvues de rameaux ; dans les supérieures ces rameaux sont 
courts , avortés et souvent teints en brun. 

Cette plante présente un beau passage entre les Prêles qui sont 
pourvues de hampes et celles qui en sont privées. On y voit 
manifestement que le développement de l’épi nuit à celui des 
rameaux ; et que plus le premier est considérable , plus les rameaux 


38 monographie des prèles. 

sont petits et pour ainsi dire avortés. Du reste on rencontre dans 

eette espèce sous ies passages entre fa hampe nue et la bge stérile. 

La Prêle des bois se distingue de toutes les autres par sou port 
élégant et elle a dans toutes ses parties une délicatesse et une 
flexibilité qui ne se rencontre guères dans les espèces congénères. 

La Prêle des bois habite dans les contrées moniueuses et élevées 
de l’Europe et de l’Amérique Septentrionale (i). Elle se plaît 
de préférence dans les terrains argilleux et humides. Elle fleurit 
au premier printemps et perd promptement ses tiges fertiles; mais 
les liges stériles subsistent jusqu’aux premiers froids, comme celles 
de la Prêle des bois et de la Prèle des prés : on comprend 
que le but de celte permanence est de procurer a la racine une 
végétation qui la rende capable de donner de nouveaux jets le 
printemps suivant. 

M. de Candolie possède dans son herbier un échantillon de cette 
Prêle , qui lui a été communiqué par M. Le Clerc et qui vient de 
Terre-Neuve. Quoiqu’il soit incomplet , parce qu’il est dépourvu de 
fructification, je n’hésite point à le placer parmi ies Prèles des bois , 
auxquelles il ressemble entièrement , soit pour les gaînes e t les di- 
visions des rameaux, soit pour les aspérités de la tige, et pour leport. 

Plane. III. Fig. i. Prêle des bois tronquée. 

Fig. 2. Tige portant des feuilles et des fleurs. 

Fig. 3 . Hampe imparfaite de la même Prêle. 

Fig. 4. Epiderme et glandes éparses vues au mi- 
croscope. 

DOUZE A QUINZE DENTS. 

Equisetum umbrosum. Prêle des ombrages. 

Equisetum caille sterili Jistuloso , dentibus et ramis circîter 
duodecim , ramis simpliçibus , arcuato deflexis , triqueiris ; 
caille frùclijicante nudiusculo , caginis Iaxis , ramis depauperatis. 


(1) En particulier à Newfounilland. (Herb. Banks. ) 


MONOGRAPHIE DES PRELES. 3g 

Syn. Ec/uisetuin umbrosum Wild. Dict. Botan. Meyer et Bory 
St. -Vincent. 

Les tiges stériles sont hautes d’environ un pied , pourvues de 
légères épines. Les gaines sont verdâtres à dents inégales. 

Les tiges fertiles ne portent leurs rameaux que dans les verticilles 
supérieurs. Elles ont dés gaines lâches et assez colorées. Toute la 
plante est d’un vert gai et d’un port très-élégant. Elle ressemble tel- 
lement à la Prêle des bois qu’on diroil qu’elle n’en est que le pre- 
mier développement. Cependant elle en diffère constamment au 
moins dans les échantillons que j’ai sous les yeux , par sa tige sim- 
plement rameuse , ses rameaux triquètres , les gaines des tiges 
moins sèches et les dents des rameaux serrées et lancéolées. 

Elle a d’abord été trouvée dans les forêts humides de la Pomé- 
ranie et de la Prusse. Ce sont Meyer et Bory St. Vincent qui 
l’ont fait connoître. La Peyrouse l a ensuite recueillie dans les bois 
élevés et frais des Pyrénées. 

Plane. IV. Fig. i. Tige stérile. 

Fig- 2. Tige portant des feuilles et des fleurs. 

Fig. 5 . Hampe imparfaite. 

Fig. 4. Epiderme et glandes éparses et très -rares 
vues au microscope. 

Prêles privées de hampes . 

A DIX DENTS. 

Equiseium palustre. Prêle des marais. 

Equiseium coule sulcato , subscabro , suïcis dentibusque fere 
octonis , rames totidem quadrangularibus sœpe aborlivis. 

A. Equiseium polpstachion. G. B. Pinax j 5 , n.° 2. 

B. Equiseium nudum v a ginis dilata lis. 


A 

4o MONOGRAPHIE DES PRE LE if. 

Syn. Ecfiiisetian palustre auctorum. 

Equiselum palustre breviorïbus setis , Bauh. Pin. i5. 

Eqùisetum tuberosum. De Cand. Fl. Fr. ( Sup. , pag. ^45). 

Equisetum J^eronense. Pollin Plant. Yer. Varie't A . poljslaehial 

Equiselum procerum. Poil. Plant. Yer. ? 

Sa tige est sillonnée de huit à neuf arêtes saillantes qui lui don- 
nent un aspect anguleux : les gaines médiocrement adhérentes 
ont le même nombre de dents. Ses rameaux avortent souvent , en 
tout ou en partie, ce qui donne à la plante une forme irrégulière. 
L’épi est terminal, médiocre, trois ou quatre fois plus long que large 
et engagé jusqu’à son entier développement dans sa gaine supé- 
rieure qui est en général plus ddatée que les autres. Il s’en dégage 
ensuite et paroît porté sur un pédoncule long de quelques lignes. Les 
rameaux qui ne sortent souvent , comme dans la Prêle limoneuse , 
qu’après la chute de l’épi , sont en général tétragones. Leurs faces 
sont creusées en sillon , et leurs gaines se terminent par quatre 
dents courtes et noirâtres. 

Cette espèce se rencontre avec la précédente le long des petits 
ruisseaux et des mares dont l’eau est renouvelée. On la trouve aussi 
dans les prés humides. Elle fleurit à la fin du printemps , mais sa 
floraison dure plus long-temps que celle de la Prêle des limons. Elle 
me paroît être la même que Y Equiselum procerum, de Pollini. 

La Yariété polystachion est assez commune. On la reconnoît 
à ses rameaux allongés , et chargés d’un petit épi terminal qui donne 
des graines. C’est je crois la Prêle de Yérone , de Pollini. 

Il y a une seconde variété où la tige qui porte l’épi est re- 
couverte de gaines dilatées dépourvues de rameaux. Dans cet état 
elle a des rapports avec les Prêles à hampe. 

Les tubercules qui adhèrent quelquefois à sa racine, ont déjà été 
observés par Haller (i), on les rencontre , je pense , dans le grand 
— ^ — 


(1) Stirpes Helvetieæ , n.° 1677. 


MONOGRAPHIE DES PRELES. 4 J 

nombre des espèces ; du moins je les ai vus très-gros et très-distincts 
dans la Prêle des champs , et dans celle des fleuves. Elle est aussi 
sujette à la rouille. ( TJredo ). 

Plane. Y. Fig. i. Prêle des marais. 

Fig. 2. Prêle des marais , Variété prolifère. 

Fig. 5 . Epiderme et glandes sur plusieurs rangs vues 
au microscope. 

Fig. 4 - Section transversale avec ses divers rangs de 
tubes. 

Fig. 5 . Graines* avec leurs lames élastiques. 

Fig. 6. Les mêmes dans leurs divers degrés de déve- 
loppement. 

Equisetum ramosissimum. Prêle ramifiée. 

Equisetum caulibus striatis , ramis numerosis , vaginis am- 
plis , dentïbus sexdecim , vaginulis dentïbus octonis. 

Syn. Equisetum ramosissimum Des F. Flor. At. V. 2. p. 398. 

Equisetum elongatum Wild, ? 

Equisetum hyemale Bory St. Vincent, Voyag. V. 2. p. 100.? 

Sa tige cannelée et un peu rude au toucher est haute de près de 
trois pieds et de la grosseur d’une plume d’oie. Ses stries et ses 
dents sont à peu près au nombre de seize dans son plus grand 
développement. Les rameaux assez réguliers et un peu divisés ne 
vont guères au-delà de douze. Iis ont sept ou huit stries et autant 
de dents à leurs anneaux : les principaux sont charge’s d’épis courts 
et noirâtres. Mais ce qui distingue surtout cette espèce , ce sont ses 
belles gaines d’un brun clair en forme de fourreau , de huit à neuf 
lignes de long et terminées par des dents très-courtes et noirâtres. 
Les collerettes partielles sont tronquées et un peu blanchâtres. 
Chaque rameau a onze ou douze articulations dont la première est 
fort courte, la tige principale doit en avoir autant. 

Cette belle espèce a été trouvée par Des Fontaines en Barbarie, 

6 


42 monographie des prêles. 

dans le royaume de Tunis , au pied des montagnes de Lowan. Eilç 
ressemble pour le port à la Prêle gigantesque de Humboldt , mais 
elle s’en distingue par ses stries moins nombreuses , et par ses 
gaines beaucoup plus grandes , plus lâches et colorées en brun. 

Tes glandes diffèrent aussi de celles de la Prèle gigantesque. 
Elles sont disposées sur deux rangs , comme on peut le voir dans la 
Fig. 2 de la Plane. VI. La Prêle gigantesque a au contraire trois 
rangs de glandes. y" 

Wildenow assure l’avoir cueillie près de Venise, sur les bords des 
baies humides où elle croissoit avec VA rundo doncix. M. Adolphe 
Brongniart à la complaisance duquel je dois plusieurs renseigne- 
mens sur le genre des Prêles , possède la même espèce trouvée au 
Lido sur le bord de la mer. Wildenow , cpii la décrit sous le nom 
d 'elongatum , croit qu’elle est la même que Bory Si -Vincent désigne 
sous le nom d ’hyemale et qu’il a rencontrée dans les sables de 
Bordeaux et dans l’île Bourbon. Quoiqu’il en soit, cette espèce 
est assez distincte pour qu’elle ne puisse être long-temps confondue 
avec les autres. 

flanc. VI. Fig. i. Prêle ramifiée. 

Fig. 2. Epiderme et glandes vues au microscope. 


Equiselum giganteum. Prêle gigantesque. 

Equiselum caule semel ramoso , dentibus vaginarum memhrana- 
ceis, caducis, circiter vicenis, ramis numerosis, plus minusve régula- 
riler disposids , hexagonis aut etiam octogonis spiciferis. 

Syn. Equisetum ramosissimum Wildenow. 

Equiselum giganteum. Caule striato arborescente , frondibus 
simplicibùs , striatis spiciferis. Linn. La Marck. Dict. 

Equisetum altissimum ramosum. Plum. Spec. xi. Icon. 1 25 ,, 
jig. 2. Setis simplicissimis spiciferis patent ibus , nodosis. 

Equiselum ramosissimum Humboldt et Bonpland. 

Equisetum Humboldtii. La Marck , Dict. 


MONOGRAPHIE DES PRELES. 43 

La tige s’élève a plus de cinq pieds : elle est à sa base de la gros- 
seur du doigt , lisse au toucher quoique striée , et d’un vert cendré. 
Les gaines , dans leur plus grand développement , sont blan- 
châtres , terminées par vingt dents membraneuses, transparentes et 
caduques. Les premières articulations ne contiennent qu’un petit 
nombre de rameaux souvent unilatères , mais les supérieures en 
/fournissent à peu près douze qui garnissent uniformément la tige. 
Ils vont ensuite en diminuant jusqu’au près du sommet, où la tige 
reste simple quoique pourvue encore d’une dizaine de dents ou 
stries. Les rameaux partiels sont à six , sept ou huit faces , les in- 
férieurs sont allongés, lés supérieurs sont plus courts, les uns et 
les autres portent fréquemment des fleurs. Leurs gaines , ainsi que 
celles de la tige principale, n’ont rien de remarquable; elles sont 
médiocres et blanchâtres. 

Cette belle plante habite à Saint-Domingue où elle a été trouvée 
par M. Berters qui l’a communiquée à M. Balbis ; c’est la 
même que Plumier avait recueillie à la Jamaïque et à la Martinique, 
et que Humboldt a rapportée dernièrement des Caraques. Elle ne 
ressemble que peu à la Prêle des marais à laquelle l’herbier de Banks 
paroît la rapporter. Wildenow la décrit deux fois , d’abord sous le 
nom de ramosissimum et ensuite sous celui de giganteum. Il en 
est de même du Dictionnaire de La Marck , qui l’appelle tantôt 
Prêle gigantesque et tantôt Prêle de Humboldt. Mais je suis convain- 
cu, par l’inspection des échantillons et des figures, que ces dénomi- 
nations s’appliquent toutes à la même espèce. 

Ses glandes sont irrégulièrement disposées sur trois rangs. 

Planc v VII. Fig. i . Partie inférieure de la tige de la Prêle gi- 
gantesque. 

Fig. 2 . Partie supérieure. 

Fig. 3. Epiderme et glandes vues au microscope. 


44 MONOGRAPHIE DES PRELES. 

Equisetum limosum. Prêle des limons. 

Equisetum caule glabro , fistuloso , striis dentibusque fere quci- 
tuordecim , ramis simplicibus scepius abortivis. 

yL. Equisetum limosum polystachîon . Seringe , inéd. 

Syn. Equisetum nudum lœvius. Raj. Synop. i 3 i. t. 5 . f. 2. 

Equisetum limosum. Wildenow. 

Equisetum jluviatïle. Linnæi herbar. 

Equisetum N.® 1677. 0. Hall. Stirp. Helv. 

Equisetum uliginosum. Wild. Muhlenb. in litferis ? 

Les tiges sont fistuleuses, lisses , très-peu consistantes et rayées , 
d’environ quatorze stries. Les dents sont aiguës , courtes , noi- 
râtres et étroitement appliquées contre la tige. Les épis avant 
leur développement sont noirs , plus courts et plus compacts 
que ceux des autres espèces. Tant que ces épis subsistent * 
les tiges sont nues , ou du moins garnies de rameaux courts et 
comme avortés, mais lorsqu’ils sont tombés, les rameaux s’allon- 
gent et donnent à la plante un aspect tout différent. Du reste , il 
n’y a point d’espèce qui varie autant dans le nombre et l’étendue 
de ses rameaux ; quelquefois tout le verlicille se développe , quel- 
quefois une partie seulement ou un seul rameau , et l’on distingue 
très-bien sur la tige les points où les avortemens ont lieu. 

Quelques auteurs ont distingué comme variétés les deux états ex-^ 
trêmesde la Prêle des limons. Haller réunit cette espèce avec celle des 
marais , sous la variété 0. Mais nous verrons que ces deux plantes 
sont bien distinctes et doivent former par conséquent deux espèces. 

La Prêle des limons est commune dans les eaux vives , et même 
<gn peu stagnantes de toute l’Europe. Elle se retrouve dans l’Amérique 
Septentrionale. Sa floraison a lieu à la fin du printemps ou au com- 
mencement de l’été dans un intervalle de peu de jours. Les racines 
sont traçantes et forment des entrelacemens si multipliés que toutes 
les tiges, qui paroissent au premier coup-d’œil séparées, appar- 
tiennent probablement à la même plante. 


MONOGRAPHIE DES PRELES. 45 

La variété A. potystachion, trouvée par M. Seringe , est assez 
commune aux environs de Berne. Elle se distingue de l’espèce prin- 
cipale par ses rameaux supérieurs chargés d’épillets fertiles : celte 
disposition des rameaux n’est pas propre à la Prêle des limons , elle 
se rencontre bien plus fréquemment dans celle des marais. 

L’ Equisetum Uliginosum ou Prêle des tourbières de Muhlenberg, 
ne diffère point de notre Prêle des limons , quoique Wildenow et 
après lui Poiret dans le Dict. Bot. en aient fait une espèce. Elle a 
exactement la même tige , les mêmes gaînes , les mêmes stries et 
le même épi j seulement les échantillons que j’ai sous les yeux ont 
été cueillis à l’époque où la plante n’étoit pas encore entièrement 
développée ; c’est pourquoi Wildenow dit qu’elle n*a que quatre ra- 
meaux , mais on aperçoit les rudimens des autres qui , dans leur 
complet développement, doivent toujours égaler le nombre des stries,. 
Ces rameaux sont tétragones vers le sommet, comme cela arrive aussi 
à ceux de la Prêle des limons , ils ont huit ou dix stries quand ils 
prennent naissance plus près de la racine. 

Schkuhr qui a donné une bonne figure de la Prêle des limons a 
bien observé les stries blanchâtres qui distinguent ses tiges, mais il n’a 
pas vu les pores du second ordre que présente la coupe horizontale. 

Linné l’a décrite sous le nom de Fluviatile, et elle existe sous cette 
dénomination dans son herbier avec la phrase suivante : Equi- 
setum caule s triât o , frondibus subsimplicihus . Spec. pl. i5 1 7 . 
Flor. Lapp. 593. La Telmateya est dans une autre feuille , sous le 
nom de Fluviatile , provenant de l’herbier de Miller, Ces détails 
m’ont été fournis par M. De Candolle. 

Plane. VIII. Fig. 1 . Extrémité supérieure fructifère de la Prêle 

des limons. 

Fig. 2. Tige sans fleurs. 

Fig. 5. Variété prolifère. 

Fig. 4- Graines avec ou sans leurs lames. 

Fig. 5. Graines dans différens degrés de dévelop- 
pement. 


46 


MONOGRAPHIE DES PRELES. 

Fig. 6. Coupe horizontale avec ses deux rangs de 
tubes observés au microscope , ainsi que 
les graines. 

QUINZE A DIX-HUIT DENTS. 

Equisetum hyemale. Prêle d’hiver. 

Equisetum caille subnudo , scabro , Jlstuloso , striis et dentibus 
fere octodecim , dentibus piïosis aut evanidis. 

Syn. Equisetum hyemale Linn. et omnium fere auclorum. 

Equisetum foliis nudum , ramosum. Bauh. Pin. 16. 

La tige est composée de douze ou treize articulations ordinaire- 
ment nues , et qui ne donnent jamais naissance qu’à quelques ra- 
meaux épars. Les gaînes sont serrées et terminées par quinze à dix- 
huit dents , tronquées au sommet où elles se terminent souvent par 
un simple poil qui tombe en se flétrissant. Le milieu de la gaine est 
ordinairement teint en blanc lavé de rouge , tandis que les deux 
extrémités sont noirâtres , ce qui sert à distinguer assez bien cette 
espèce , dont la couleur est d’ailleurs un peu glauque* 

La tige est rude au toucher , et la loupe y découvre des aspé- 
rités nombreuses; Les sommités sont souvent stériles par avorte- 
ment , souvent aussi elles se terminent par un épi noir et compact , 
enveloppé dans sa gaine et entouré d’épis plus courts, qui donnent 
à la plante l’apparence d’un Schoin. 

Cette Prêle a un port très-différent de toutes ses congénères : 
elle s’élève jusqu’à deux pieds et fleurit au milieu du printemps après 
les Prèles à hampe. Elle croit dans les forêts humides, où elle ré- 
siste à nos hivers, par sa plus grande consistance. Elle est employée 
de préférence à polir les bois et les métaux. L’analyse chimique 
a démontré qu’elle contenoit de la silice. 

On la trouve dans les deux Continents : elle a été recueillie dans 
l’Amérique méridionale , par Fraser , et dans les États-unis , par 
plusieurs Botanistes Anglo- Américains. 


MONOGRAPHIE DES PRELES. 4f 

On pourroit quelquefois la confondre avec la Prêle multiforme 
rameuse, mais on l’en distinguera toujours par les teintes variées 
de ses gaines , la grandeur de ses dimensions et sa consistance. 

Ses glandes sont sur deux rangs et un peu trapézoïdes. 

Plane. IX. Fig. i. Prêle d’hiver dans tout son développement. 
Fig. 2 . Tige sans épi. 

Fig. 5. Section horizontale avec ses deux rangs de 
tubes. 

Fig. 4 . Glandes sur deux rangs vues au microscope. 
Fig. 5. Pores corticaux. 


Equisetum Burchellii Prêle de Burchell. 

.Equisetum cauhbus fere simplicibns , siriis duodenis , vaginis 
selaceis , spied ovatâ , compacta , cinereâ. 

Syn. Equisetum Burchellii. Burchell. Cat. Plant. Africæ ex- 
tra tropicæ. 

La tige principale est haute d’un ou deux pieds , pourvue de 
quelques rameaux courts irréguliers et souvent prolifères : elle se 
compose d’une douzaine d’articulations , et porte à son sommet un 
épi compact , cendré , ovale , d’environ neuf lignes de longueur , 
et dont les écailles sont marquées d’une tache noire : cette der- 
nière circonstance est peut-être accidentelle et dépend de l’age de 
la plante. On compte une douzaine de stries sur la tige principale 
et un peu plus de la moitié sur les rameaux dont les inférieurs 
quoiqu’assez conrts, comme je l’ai dit plus haut , sont quelquefois 
terminés par des épis. Toute la plante présente un aspect irrégulier, 
sa couleur est cendrée, et sa consistance assez grande. Ses gaines 
sont médiocres, et ses dents aiguës et transparentes. 

Cette espèce différente, au premier coup - d’œil , de toutes les 
autres a été trouvée par Burchell dans l’Afrique méridionale , au- 
delà du Tropique et probablement proche du Cap : elle appartient 


I 


48 monographie des prêles. 

au groupe des multiformes dont elle diffère cependant à plusieurs 

égards. 

Les glandes sont sur trois rangs , mais les rameaux n’ont quel- 
quefois que deux rangs. 

Plane. X. Fig. i. Prêle de Burchell. 

Fig. 2. Glandes grossies de la Prêle de Burchell. 


Equisetum Timorianum. Prêle de Timor. 

Equisetum caulibus numerosis scabriusculis ferme nudis , striîs 
fere duodenis , vaginis ciduîtis truncatis. 

Syn. Equisetum de Timor. Musée de Paris 1821. 

Les tiges de deux ou trois lignes de diamètre s’élèvent au-delà 
de deux pieds. Elles sortent de la racine, ou des premiers verticilles; 
elles sont peu consistantes et fortement marquées de dix à douze sil- 
lons. Les rameaux très-peu nombreux partent irrégulièrement des 
différens verticilles , et atteignent la hauteur des tiges principales. 
Ils ont des stries un peu moins nombreuses et des gaines mé- 
diocres , blanchâtres et tronquées. Toute la plante est d’un gris 
cendré et un peu noirâtre. Elle porte sûrement des épis , mais l’é- 
chantillon que j’ai sous les yeux en est dépourvu. 

Celte espèce est voisine des Prêles multiformes; mais elle en diffère 
par la mollesse de ses tiges , par ses gaines , par sa grandeur, et en 
général par son port ; ses glandes sont sur deux rangs. 

Elle existe dans l’herbier du Musée d’Histoire Naturelle de Paris, 
sans fructification quelconque , et elle est indiquée comme une es- 
pèce nouvelle venant de Timor. M. Ad. Brongniart soupçonne que 
cette espèce est la même que l’on trouve dans l’herbier de Burmann 
accompagnée du nom de Japon. Il sera aisé de vérifier cette con- 
jecture. 

Plane. X. Fig. 5. Prêle de Timor. 

Fig- 4 * Glandes grossies sur deux rangs. 


•MONOGRAPHIE DES PRÊLES. 

Equisetum stipulaceum. Prêle stipulacée. 

Equisetum caulibus ramosis , angulalis , dentibus sex sphaceïalis 
jiiscis ; spicis ovalo elongatis , stipulaceis. 

Les tiges qui s’élèvent jusqu’à un pied partent des différentes ar- 
ticulations de la racine; elles sont amincies, peu consistantes, sil- 
lonnées de six ou sept stries profondes , et elles émettent irrégulière- 
ment quelques rameaux stériles. Les gaînes sont roussâtres , mé- 
diocres , pourvues de six ou sept dents caduques; les épis terminent 
les tiges principales; ils sont d’un brun foncé , ovales , allongés 
et enveloppés en partie par les dents allongées de la gaîne sur la- 
quelle ils reposent , et qui prend alors la forme d’un calice mem- 
braneux. 

Cette espèce de Prêle a été rapportée du Pérou par Dombey , et 
m’a été communiquée par des Fontaines. Elle a beaucoup de rap- 
port avec la Prêle des marais par sa consistance , sa forme an- 
guleuse, le nombre de ses stries et la disposition de ses glandes; 
mais elle en diffère par ses épis plus allongés, enveloppés de gaînes 
dont les dents prolongées forment une espèce de calice , et surtout 
par le mode de son développement. La Prêle des marais est une 
espèce régulière qui émet à chaque articulation des rameaux en 
nombre presqu’égal aux dents de ses gaînes ; tandis que les tiges 
de la Prêle stipulacée , sont à peu près nues , au moins dans la 
partie supérieure. 

Cette plante se trouve dans l’herbier du Musée d’Histoire Na- 
turelle de Paris, avec la désignation de celui qui l’a fait connoître. 
Elle y porte les deux noms d 'Equisetum fluvialile. L. et d 'Equisetum 
giganteum L. qui ne lui conviennent nullement , comme on peut 
le voir par les descriptions de ces espèces , et l’inspection des figures. 
Elle ressembleroit bien plus , comme je l’ai dit plus haut, à la Prêle 
des marais , ou comme le pense M Adolphe Brongniart à la Prêle 
rameuse de De Candolle , dont elle a un peu le port, Mais la dif- 


7 


5o MONOGRAPHIE DES PRELES. 

férenee des patries et les caractères que j’ai donnés suffisent pour 

J’en distinguer. 

La Prêle rameuse de De Candolle est une variété de la Prêle mul- 
tiforme. 

Les glandes de la Prêle stipulacée sont sur plusieurs rangs. 

Plane. XI. Fig. I. Prêle stipulacée. 

Fig. 2 . Glandes grossies de la Prêle stipulacée. 


j Equisetum Pannonicum. Prêle de Hongrie. 

Equisetum caulibus subsimplicibus , glabriusculis , ramis hexa r 
gonis , solitariis , mginarum dentïbus obtusis , spica terminal}. 
Wil.ldenow Spec. plant. 

Syn. Equisetum Pannonicum Waldstein et Kilaib. T. 2. 

Equisetum Pannonicum Willdenow. 

La tige s’élève jusqu’à un pied , elle est nue , où pourvue d’un 
petit nombre de rameaux qui partent des verlicilles inférieurs. Cef 
rameaux courts sont hexagones ou heptagones , les gaines sont ter- 
minées par des dents lancéolées , noirâtres et un peu obtuses. 

Cette espèce a été trouvée par Waldstein et Kitaibel , dans les 
marais de la Hongrie : elle ressemble à la Prêle des marais par 
le lieu de son habitation et son organisation générale; elle en dif- 
fère selon les auteurs par sa tige non sillonnée et beauconp plus 
nue. Mais ces différences , et surtout la seconde sont peu impor- 
tantes , parce que la Prêle des marais présente toutes les appa- 
rences intermédiaires entre les tiges nues , et les tiges verliciîlées. 
Je ne tiens compte ni de la forme ni de la couleur des dents des 
gaines qui varient tout à fait selon l’âge de la plante. 

Je la regarde donc, ainsi que la précédente, comme très- voisine 
de la Prêle des marais ; je la recommande aux Botanistes , pour 
qu’ils en observent les glandes, et qu’ils l’examinent de plus près dans 
un grand nombre d’exemplaires. Je ne l’ai pas fait graver, parce 


MONOGRAPHIE DES PRELES. 5l 

que je n’ai pas pu me la procurer, quand je l’aurai observée, 
je jugerai si elle est une véritable espèce. 


Equisetum multiforme. Prêle Multiforme. 

Equisetum cauhbus numerosis , striatis , glabnuscuïis , sulcatis, 
apice spicferis , ramis pauciorihus irregulariter dispositif , vaginis 
plus minusve sphacelatis , octonis. 

Sy non. Equisetum variegatum , Schleich. Cat. pl. helvet. 

Equisetum tenue, Hoppe Exs. 

Equisetum stipulaceum , Schleich. inédite. 

Equisetum campanulatum , Fl. Fr. 

Equisetum ramosurn , Schleich. De Candolle Sup. à la Fl. Fr. 

Equisetum nudum minus variegalum basileense, C. Bauh. Pin. 16. 

Equisetum asperrimum Dickson. 

Celte espece est celle dont la synonymie est la plus difficile , 
parce que la plupart des auteurs lui ont donné des noms différens, 
et que quelques-uns en ont fait deux ou même trois espèces, d’a- 
près les apparences variées que présente son port. 

En général, ses tiges sont nombreuses, sillonnées de huit ou 
neuf arêtes , minces , dures , nues ou chargées d’un petit nombre 
de rameaux simples et disposés irrégulièrement; les gaines sont 
petites , serrées , munies de dents qui tombent aisément. On aper- 
çoit à la loupe les aspérités qui couvrent les tiges et les ra- 
meaux. Elle comprend cinq variétés. 

*• Equisetum multiforme variegatum. Prêle multiforme panachée. 

Cette première variété est la Prêlepanachée ( variegatum ) des 
auteurs. Ses tiges sont hautes de huit à douze pouces , souvent ter- 
minées par un épi court, et constamment remarquables par leurs 
gaînes noires couronnées de dents blanches ; elle croît sur les sables 
des rivières et dans les lieux secs. C’est celle de C, Bauhin 

Equisetum midi forme ramosurn. Prêle multiforme rameuse. 

Cette seconde variété est peu connue des Botanistes quoiqu’elle soit 


52 


MONOGRAPHIE DES PRELES. 

assez répandue ; elle émet de sa racine plusieurs tiges courtes sembla 
blés à celles de J a variété «dont les gaines sont plus ou moins noirâtres; 
mais on y observe encore une ou plusieurs tiges principales , qui 
peuvent s’élever jusqu’à trois pieds et qui sont terminées par un épi 
plus grand que celui de la variété a, Les gaines sont amples , 
assez lâches , blanches ou brunes , mais rarement noires ; les 
rameaux sont assez nombreux , plus ou moins réguliers , et quel- 
quefois prolifères. Cette variété /g se trouve souvent réunie à la 
première , et l’on peut facilement observer des échantillons qui pré- 
sentent toutes les nuances intermédiaires. Ordinairement la Prêle 
rameuse se rencontre dans des terrains plus riches et plus favorables 
à la végétation, 

y. Equisetum multiforme paleaceum. Prêle multiforme paîéacée. 

Cette troisième variété, est beaucoup plus ramifiée que la précé- 
dente , ses gaines sont aussi plus sèches et plus agrandies , elle est 
indiquée par Schleicher comme croissant sur des rochers où elle 
s’élève jusqu’à deux pieds , sa couleur est d’un vert cendré , elle 
est sèche et dure dans toutes ses parties. Les gaines de ses liges 
et de ses rameaux sont blanchâtres, 

«ê. Equisetum multiforme tenue, Prêle multiforme amincie. 

Celte quatrième variété ressemble en tout à la première , ex- 
cepté dans ses gaines qui ne sont pas teintes en noir; ce qui dépend 
ou de l’âge ou de quelques circonstances accidentelles, 

s. j Equisetum multiforme campajiulatum . Prèle multiforme 
campanulée, 

Cette cinquième variété ( campanulatuni de Poiret) est sem- 
blable à l’amincie ; mais ses gaines sont plus lâches et comme 
campanulées. L’épi est souvent porté sur un court pédoncule , qui 
semble sortir de sa gaîne comme d’un godet : sa tige , ou ses tiges 
principales sont remarquables par leur couleur cendrée , et leurs 
sillons profonds. 


MONOGRAPHIE DES PRELES. 55 

Toutes ces variétés passent constamment des unes dans les autres; 
elles ont les mêmes glandes , le même nombre de stries , leur con- 
sistance est sèche et dure , leurs tiges sont filiformes , et les épis 
qui les terminent sont toujours courts et lancéolés. 

Elles sont répandues dans les diverses parties de l’Europe, comme 
les autres espèces des anciens Botanistes; jusqu’à présent il ne paroît 
pas quelles aient été retrouvées ni en Asie , ni en Afrique , ni 
dans l’Amérique méridionale. 

Voici la synonymie des variétés. 

Première variété. Equisetum multiforme variegatum. 

Syn. Equisetum variegatum Wildenow, Schleicher, De Candolle, 
La Marck , Dict. 

Equisetum . nudum variegatum basileense Bauh. prodr, 24» 
Deuxième variété. Equisetum multiforme ramosum. 

Syn. Equisetum. N.° 1679. j Var. «.Haller, 

Troisième variété. Equisetum multiforme paleaceum . 

Syn. Equisetum paleaceum , Schleich, inédit. Helvet. 

Quatrième variété. Equisetum multiforme tenue . 

Syn. Equisetum tenue, Hopp. exs, 

Equisetum ramosum. De Cand, 

Cinquième variété. Equisetum multiforme campanulatum . 

Syn. Equisetum campanulatum. Dict. La M. Supp. 

Plan. XIÏ. Fig. 1. Prêle multiforme variée. 

Fig. 2. Glandes grossies de la Prêle multiforme 
variée, 

Fig. 5 . Prêle multiforme campanulép. 

Fig. 4 - Glandes grossies de la Prêle multiforme 
campanulée. 


54 monographie des prêles. 

Equîsetiim incanum. Prêle blanchâtre. 

Ecjuisetum caulibus filiformibus , incams , profunde sulcatis, den - 
iibus septenis octonisve , ramis paucioribus , irregulariter disposais , 
dentibus qttinis , scariosis caducis , mginuïis rnediocribus . 

Syn. Ecjuisetum ramosissimum. Grande Çanarie. Christ. Smith, 
publié pas" dé Bach. 

Scs figes sont minces , allongées , blanchâtres , douces au toucher , 
et marquées de sillons profonds. Elles atteignent la hauteur de huit 
ou dix pouces dans l’échantillon que j’ai sous les yeux, et sont ir- 
régulièrement ramifiées, Les gaines de la tige n’ont que sept ou 
huit dents , et celles des rameaux quatre ou cinq. Les sommités 
des tiges portent sûrement des épis , mais la plante que j’ai sous 
les yeux en est entièrement dépourvue. 

Cette espèce a un très- grand rapport avec la Prêle multiforme 
et en particulier avec la variété ,6 , mais comme elle n r a pas 
été recueillie en Europe, et qu’elle en diffère à certains égards, 
j ’ai préféré de l’en séparer. Je ne sais pas pourquoi elle a été dé- 
signée sons le nom de ramosissimum par les premiers Botanistes 
qui l’ont cueillie , car elle n’a de ressemblance ni avec la plante de 
Des Fontaines, ni avec celle de Humboldt , ni avec celle de Wil- 
denow. Je l’ai désignée sous le nom d’ incanum , pour éviter une 
plus grande confusion dans la synonymie. 

Ses glandes sont ovales, sur deux rangs , ordinairement simples. 

Plane. XIII. Fig. i. Prêle blanchâtre. 

Fig. 2 . Glandes grossies de la Prêle blanchâtre. 


Equisetum eïongatunr. Prèle allongée. 

Equisetum caulibus sex sulcatis , scabriusculis, ramis paucioribus 
irreguJariler disposais , elongatis, mginis rnediocribus, dentibus dia- 
phanis aristalis , caducis. 

Syn. Equisetum elongafum. Wildenow. 


55 


MONOGRAPHIE DES FRELES. 

Equisetum hyemàle. Bory St. -Vincent. 

Exclus. Syn. Equiseti ramosissimi . Des F. Fl. Àtl. V. 2. p. 398. 

Les tiges sont hautes de deux ou trois pieds , grêles et peu consis- 
tantes , à huit ou neuf sillons dans leur plus grand développement. 
Elles sont simples, ou bien elles émettent, dans quelques-unes de leurs 
articulations , un, deux ou trois rameaux qui varient beaucoup dans 
leur grandeur ; les uns ne comprennent que deux ou trois verti- 
cilles , tandis que les autres atteignent presque la longueur de la 
tige ; quelquefois ceux qui partent de la base sont divisés. Toute 
la plante est assez douce au toucher , ses racines sont profondes , 
sa couleur, quand elle est desséchée, est d’un gris sale, et ses gaines 
ont la même teinte ; elle perd irrégulièrement ses dents transpa- 
rentes et aiguës. Les épis qui terminent les tiges , et sans doute 
quelquefois les rameaux principaux, sont courts et n’ont rien de re- 
marquable. 

Cette espèce a été cueillie par Bory St.-Vincent dans les lieux 
humides et marécageux des îles Maurice et Bourbon. Il l’a dé- 
signée mal-à-propos sous le nom de Prêle d’hiver , car elle n’a 
point de rapport avec cette espèce. Wildenow essaie d’y rapporter 
Y Equisetum ramosissimum de Des Fontaines , Fl. Atl. V. 2. p. 3 y 8 , 
qui en diffère beaucoup. Il croit aussi l’avoir cueillie sans fructifi- 
cation dans les haies humides des environs de Venise ; et l’avoir 
reçue des sables de Bordeaux , par Bory St-Vincent. 

Elle est mentionnée dans l’herbier du Musée de Paris comme 
ayant été trouvée dans l’île Bourbon, par Perrotet et Commerson. 
On peut la confondre avec les variétés de la Prêle multiforme , mais 
elle en diffère essentiellement par la forme et la disposition de ses 
glandes , qu’on trouvera représentées dans les figures. Comme 
cette forme de glandes doubles ne m’a paru appartenir jusqu’à pré- 
sent à aucune espèce d’Europe , je ne puis croire encore que la Prêle 
cueillie à Venise par Wildenow, et à Bordeaux par Bory Saint- 
Vincent lui-même , se rapporte à notre Prêle allongée. 


56 MONOGRAPHIE DES PREDES. 

Je vois que la même remarque a déjà été faite par M, De Candolïe» 
Les glandes sont placées sur deux rangs et ordinairement doubles. 

Plan. XIII. Fig. 3 . Prêle allongée. 

Fig. 4. Glandes grossies de la Prêle allongée. 


Equisetum Bogoîense. Prêle de Bogota. 

Equisetum caulibus cœspitosis , simplicibus , transe ersim undu - 
la lis , glabris monoslachyis , eaginis Iaxis quadridentatis , dentïbus 
acmninato-subulatis , apice sphacelatis. 

Syn. Equisetum Bogoîense. Wilde no w. 

Equisetum Bogoîense . Kunth in Ilumb. et Bonpl. Nova généra 
et Spec , P. 1. p. 42. 

Ses racines sont rameuses et rampantes elles produisent plu- 
sieurs tiges simples réunies en gazon , droites quadrangulaires , gla- 
bres, ondulées transversalement, terminées par un seul épi , longues 
de quatre à huit pouces , les entrenoeuds ont six à neuf lignes, 
les gaines sont cannelées , lâches à leur sommet , à quatre dents 
subulées, membraneuses, diaphanes , droites et un peu sphacélées , 
les épis sont oblongs , cylindriques et longs d’un demi-pouce. 

Cette espèce qui croit le long des chemins, à la Nouvelle Grenade, 
proche de Santa-Fé de Bogota, et proche d’Alto del Roble, dans des 
bois de chêne, paroît fort distincte de toutes les autres par ses tiges 
quadrangulaires et ondulées transversalement. Humboldt qui l’a 
cueillie , la considère comme voisine de la Prêle multiforme variée, 
mais les deux caractères que j’ai indiqués l’en séparent suffisam- 
ment : elle lui ressemble du reste un peu par le port. 

Je n’ai pas pu jusqu’à présent me la procurer , elle ne se trouve 
encore que dans l’herbier du célèbre Botaniste qui la trouvée ; je 
neconnoi s point $es glandes. 


57 


MONOGRAPHIE DES PRELES. 

Equisetum scirjioides. Prêle sétacée. 

Equisetum caulibus numerosis , glabris , attenuatis , sublortuosis , 
sub lente muricatis, sulcalis striis sex ; ramis nonnullis irregulariter 
disposilis ; vaginis fuscis tridentatis interdum quadridentatis ; spicis 
terminalibus , brevissimis , nigricantibus. 

Syn. Equisetum scirpoides. Wildenow. 

Equisetum, caulibus simplicibus, setaceis ; vagims trisetis ; capituïo 
brevissimo , nigricante. Mich. Amer. 281. V. 2. Purshs. Fl. Bor. 
Amer. 2. p. 652. 

Excl. Syn. Equisetum reptans. Swartz. in litt. ? 

Ses tiges sont nombreuses , grêles , très-amincies , douces au 
toucher et fortement chagrinées à la loupe , elles s’élèvent à peine 
de cinq à six pouces , en donnant naissance à quelques rameaux 
irrégulièrement disposés , et quelquefois terminés comme la tige par 
de petits épis noirâtres. Sa couleur est d’un vert plus ou moins foncé , 
selon l’époque où elle a été cueillie. Ce qu’elle présente de très- 
remarquable , c’est le nombre des dents de ses gaînes qui n’est que 
la moitié de celui des stries. Elle a six ou huit sillons et trois ou 
quatre dents , ordinairement trois. Dans toutes les autres Prêles le 
nombre des dents est toujours égal à celui des stries; ici il est sous- 
double ; on voit assez bien la réunion des deux stries qui forment 
une seule dent. 

La Prêle télacée diffère de toutes les autres par son port qui 
ressemble à celui d’un Scirpe , et par les trois dents de ses 
gaînes. Elle a été cueillie par Michaux dans les forêts du Ca- 
nada , et elle a encore été décrite par Purshs, dans sa Flor. Am. 2. 
p. 652. J’en ai sous les yeux deux échantillons , l’un de Michaux 
qui m’a été communiqué par M. Des Fontaines, et l’antre de 
l’herbier Lambert que j’ai reçu de M. De Caudolle Ils se rap- 
portent évidemment à la même plante. 

J’en exclus, jusqu’àprésent, Y Equisetum reptans de Swartz qui 

8 


58 monographie des prêles. 

a été trouvé en Suède , parce que la même plante n’habite guères 
les deux Continens. Cet Equiseturn replans e st peut-être YEqui- 
setum arvense que j ai souvent trouvé sous la forme d’une petite 
Prêle rampante avec des rameaux trigones, mais dépourvus d’épi. 

La Prêle sétacée a deux rangs de glandes comme la Prêle mul- 
tiforme et la Prêle d’hiver. 

Plane. XI. Fig. 3. Prêle sétacée. 

Fig. 4 . Glandes grossies de la Prêle sétacée. 


Equiselum replans. Prêle rampante. 

Equiseturn multicaule ; caulibus procumbentibus , filifonnibus 
nudis, scabris, letragonis) vaginarum denlibus selaceis , nigris. Des- 
crips. ex Walh. 

Equiseturn replans. Swartz in litter. 

Equiseturn reptans , Walhenberg. Roth. Germ. 3. 6 . Ehrh. Beitr. 

3. p. 7.7- ,, ; . 

Gette espèce est, dit Walhenberg , la plus petite de tout le genre. 
Ses racines qui s’étendent beaucoup sur la terre et sous la terre démet- 
tent des tiges qui se ramifient plusieurs fois. Elles sont fort minces , 
rudes au toucher , à quatre sillons et à quatre angles. Les gaines 
sont noires , les dents sétacées et persistantes. L’épi est sessile , 
presque enfermé dans sa gaîne , de moitié plus épais que la tige qui 
le porte , et remarquable par ses écailles qui sont noires. 

Cette plante a , dit-on, été trouvée dans le Groenland , et dans les 
forêts subalpines de la Prusse et de la Suède. Walhenberg dit 
qu’on la rencontre fréquemment dans le Norlland et quelquefois dans 
les Alpes de la Botnie. Il ajoute que ses tiges filiformes et un peu 
clandestines empêchent de la distinguer. 

Wildenow l’a confondue avec la Prêle sétacée de Michaux, dont 
elle diffère cependant par ses tiges quadrangulaires et ses gaines à 
quatre dents. D’ailleurs elle n’a encore été reconnue qu’en Eu- 


MONOGRAPHIE DES PRELES. 5g 

rope , tandis que celle de Michaux habite l’Amérique septentrionale. 
Du reste, je n’ai pas pu, jusqu’à présent, me la procurer. Elle se trouve 
dans l’herbier de M. B. Delessert , comme une nouvelle espèce en- 
voyée par Swartz et cueillie dans la Laponie. 


Equisetum debile. Prêle penchée. 

Equiselum caulïbus teretibus , erectiusculis , i4~i5 striatis , 
lœvibus ; ramis inordinatis , 6-7 striatis tenuibus ; vaginis den - 
tibus i4-i5 nigricantibus , apice diaphanis, longe aristatis ; spicis 
terminalibus , ellipsoideis , inlra ultimam. vaginam sessilibus ; peltis 
septem seriatis, verticillatis , circiler 5 - 7 in unoquoq ue verticillo . 
Descript. ex Candoll. inédit. 

Syn. Equisetum debile. Roxb.* inédit, ex Ind. orient. 

Cette plante , dont je n’ai sous les yeux qu’une partie de ra- 
meau , se rapproche un peu de notre Prêle multiforme rameuse, 
mais elle en diffère par le nombre plus considérable de ses stries 
et de ses dents , et comme elle a été cueillie dans les Indes 
orientales, il est assez probable quelle constitue une espèce dis- 
tincte : M. De Candolle dit qu’elle a le port de la Prêle limoneuse , 
mais elle ne lui ressemble point dans les caractères ge'néraux de 
son organisation. 

Ses glandes sont sur deux rangs comme celles de la Prêle mul- 
tiforme , mais ces rangs sont souvent doublés , disposition qui est 
commune aux Prêles étrangères et qui se retrouve en particulier 
dans la Prêle blanchâtre des Canaries. 


Equisetum pratense. Prêle des prés. 

Syn. Equisetum caulïbus snnplicibus, rantosis , scabemmis ; ra- 
mis tetrogonis; spica terminali Wildenow, Spec. plant, Roth, Germ, 
5. 6. Ehrh. Beiü\ 3. p. 77 . 


monographie des prêles. 

Ses tiges sont simples, rameuses et très-rudes au toucher ; les ra- 
meaux, au nombre de seize à chaque verticille , sont tétragones , 
très-ouverts et stériles , leurs gaines sont terminées par quatre dents 
aiguës. 

Cette espèce a été trouvée par Ehrhart , dans les prés de l Alle- 
magne ; jusqu’à présent je ne connois rien qui lui ressemble. La 
principale singularité qu elle présente , ce sont des tiges a seize ra- 
meaux , qui par conséquent ont au moins seize stries , tandis que 
les rameaux eux-mêmes n’en ont que quatre. Or , dans les Prêles 
dépourvues de hampe , les stries des tiges et des rameaux ne m’ont 
jamais présenté une différence aussi considérable ; elle appartien- 
droit à la Prêle des champs, si ses tiges ne portoient pas des épis, 
et à la Prêle des marais , si elles étoient moins rudes , et que ses 
verlicilles ne donnâssent pas naissance à seize rameaux. 

Je crois avoir vu, il y a quelques années , cette Prêle des prés, 
et avoir reconnu qu’elle ressembloit beaucoup à la Prêle des marais, 
je ne l’ai plus retrouvée dès-lprs. J’invite les Botanistes à l’examiner 
de nouveau. 

Equisetum procerum. Prêle élevée. 

Equisetum caulibus simpliciter ramosis , glabris , strîatis , apice 
spiciferis ; ramis oclonis , hexagcnis ; vaginarum dentihus aris- 
tatis , sphacelatis , apice subdiaphanis, 

Syn. j Ec/uisetum procerum , Poil. Plant. Véron. 

Equisetum procerum Dict, La M. 

Cette espèce a été trouvée dans le territoire de Vérone par 
Poliini. Je n’y sais voir aucune différence avec la Prêle des marais , 
mais je l’indique pour qu’on l’examine avec soin et qu’on observe ses 
glandes. 


monographie des prêles. 61 

Equisetum F’eronense. Prêle de Vérone. 

Equisetum caulibus simplicibus, ramosis , gïabris ; raniis hexa - 
gonis, apice spiciferis; dentibus vaginarum acutis, sphacelatis, apice 
diaphanis. 

Syn. Equisetum Veronense, Pollini , Plant. Veron. Spreng. 
Pug. 2. p. 94. 

Equisetum T^eronense. Dict, La M. 

Cette plante a aussi été trouvée dans le territoire de Vérone 
Elle ne diffère de la précédente que parce que ses rameaux portent 
des épis. C’es*t probablement la yariété pojfstachion de la Prêle 
des marais. Je la recommande également à l’attention des Bota- 
nistes pour qu’ils vérifient ma conjecture , et qu’ils observent , 
s’ils le peuvent , la disposition des glandes de cette espèce, encore 
douteuse. 


FIN DES ESPÈCES. 


I 


62 monographie des prêles. 



NOTE. 


C^tToiQUE je n’aie point vu les racines de ces dernières Prêles , non plus 
que celles de la plupart des espèces étrangères à l’Europe t je ne doute 
point qu’elles ne soient semblables à celles que j’ai décrites, c’est-à-dire , 
qu’ elles ne se composent d’articulations prolongées indéfiniment , et qui 
émettent de vraies racines ramifiées et sans anneau. Je viens dernière- 
ment encore de vérifier ce que j’ai dit dans mon discours préliminaire 9 
sur le développement indéfini de ces tiges souterraines. J’en ai trouvé qui 
se prolongeoient jusqu’à douze ou quinze pieds , et qui étoient entièrement 
semblables aux tiges aeriennes pour l’organisation générale : elles n’en dif- 
féroient que par la plus grande consistance , l’absence des rameaux , et sans 
doute aussi des glandes : on voit attachées çà et là, à leurs divers nœuds, ces 
tubérosités dont j’ai déjà parlé, et qui appartiennent à un grand nombre de 
Prèles. Les vraies racines sortent aussi de ces nœuds, elles sont ramifiées, con* 
tinues,sans anneau , et se prolongent quelquefois de plusieurs pieds. Malgré 
mes efforts , je n’ai point trouvé l’extrémité de ces tiges souterraines , d’où 
partoient sans fin de nouvelles branches formant un angle aigu du côté du 
sol , en même temps qu’ elles paroîssoient se détruire à de plus grands enfon- 
cemens. La Prêle est donc une plante dont jusqu’à présent la durée doit être 
considérée comme indéfinie, et qui, du moins à ma connoissance, ne fournit 
plus de nouveaux individus, quoique ses graines soient susceptibles de dévelop- 
pement. Ces nouvelles remarques m’ont été fournies par la Prêle des champs , 


MONOGRAPHIE DES PRELES. 65 

et par les Prêles multiformes variée et rameuse , et elles doivent s’appliquer 
à toutes le Prêles d’Europe. 

Je ne doute pas qu’on ne rencontre facilement dans les terrains liouiller? 
des empreintes de ces tiges souterraines. 


WW*v*<vv v* 


t 





TABLE DES MATIÈRES. 


J RÉFÀCE , P^g* 1 

Histoire generale et physiologique du genre } i 

Caractère naturel des Prêles , 3i 

Tableau synoptique et analytique des espèces , 3a 

Description des espèces ? 33 

Prêle des champs , ibid. 

Prêle fluviatile 9 35 

Prêle des bois , 3^ 

Prêle des ombrages , 38 

Prêle des marais 9 3 9 

Prêle ramifiée , 4 L 

Prêle gigantesque * 4 2 

Prêle des limons ? 44 

Prêle d’hyver , 4^ 

Prêle de Burchell 5 4? 

Prêle de Timor , 4^ 

Prèle stipulacée , 4c> 

Prêle de Hongrie , 5o 

Prêle multiforme , 5 s 

Prêle blanchâtre 9 54 

Prêle allongée , ibid . 

Prêle de Bogota , 56 

Prêle sétacée , 5j 

Prêle rampante 5 58 

Prèle penchée , 5g 

Prêle des prés 9 ibid • 

Prêle élevée , 6 o 

Prêle de Vérone , 6 i 

Note sur les racines des Prèles '] 62 , 


FIN DE LA TABLE. 


NOTE 

SUR 

LA GERMINATION DES PRÈLES. 

' • 1 : ; - . ' • . . ■ • ' ' . X < ; • • 



Enfin j’ai réussi dans l’année i8a3 à obtenir la germination complète des Prêles. Tout s’est 
passé d’abord de la même manière que dans les années précédentes; la graine semée au 
commencement de Mai , s’est d’abord tuméfiée , elle s’est ensuite divisée en deux, trois ou 
plusieurs lobes qui se sont successivement développés et ont émis à leur base des radicules 
destinées à les fixer au sol. Ils ont enfin formé des gazons d’un vert gai et du diamètre 
d’une ligne environ, ressemblant tout à fait à une petite Jongermanne, à expansion fo- 
liacée. 

Ils sont restés dans cet état pendant deux mois , prenant des accroissements insensibles , 
et ne changeant pas d’apparence. Enfin il s’est élevé du centre du gazon un point vert, 
qui, en grandissant, a laissé voir à sa base, une collerette à quatre divisions, puis une seconde, 
puis successivement une troisième d’où sortoit la jeune tige. 

Les grains verts renfermés dans les loges dont l’assemblage forme l’épi de la Prêle , sont en 
conséquence de véritables semences acotylédonées , dépourvues non-seulement de cotylédons 
proprement dits, mais encore d’albt?men et de toute espèce d’enveloppe , et réduites 
au seul embryon. Mais cet organe ne ressemble point à ceux que nous çonnoissons , il n’est 
pas formé d’une radicule et d’une plumule, il se développe et se divise d’une manière plus 
ou moins irrégulière , et après avoir pris pendant les mois d’été, l’accroissement dont il 
est susceptible , il donne enfin naissance à la plante qu’il doit reproduire. C’est dans le 
mois de Septembre, que j’ai vu plusieurs graines de Prêle se développer de la manière que 
je viens de décrire. 

Ce mode de germination présente deux espèces de racines ; les unes qui appartiennent au 
grain vert dans sa première évolution, sont nombreuses , foibles et dépérissent promptement, 
les autres qui dépendent de la tige même , sont fortes , épaisses et pivotantes ; ou plutôt se 
réduisent à une seule, qui s’enfonce perpendiculairement dans le sol. 

La' racine propre de la Prêle , examinée au microscope , ne m’a pas paru articulée : elle 
est simple , continue et semblable aux racines des autres plantes. Comment devient-elle 
ensuite articulée ? c’est ce que j’ignore , mais dans son premier âge , elle n’a en apparence 
aucune articulation. 

On pourroit imaginer que les divers lobes dont j’ai parlé, qui prennent quelquefois la 
forme cylindrique, et sont visiblement articulés, ne sont eux-mêmes que des tiges avortées 


qui, dans d’autres circonstances, se seroient développées en vraies tiges; mais on verra, en 
examinant la chose de plus près, qu’il n’y a point de ressemblance réelle entre ces lobes 
et la tige proprement dite ; celle-ci est solide, munie d’involucres qui s’emboitent les uns 
dans les autres ; celles-là sont demi-transparentes , simplement cloisonnées et formées d’une 
substance molle et peu consistante. Elles ressemblent beaucoup à ces productions qui se 
développent dans la germinatiou des mousses , et dont on doit , je pense, la première 
découverte à Hedwig, qui les considère comme remplissant les fonctions de cotylédons. Voy. 
Théor. de la Gêner, p. i 53 . t. 16. 

Agardh, dans son mémoire sur la germination des Prêles , inséré dans les Mémoires du 


Muséum vol. 5 . 4 . me cahier, a bien décrit ces premiers développements que j’avois déjà 
observés en i8i5, et présentés en 1818 à notre Société de Physique et d’Histoire naturelle ; 
mais il s’est trompé en les prenant pour des Conferves ou des productions confervoïdes , 
accolées les unes aux autres ; car les Conferves, au moins celles que j’ai autrefois décrites, 
sont , à peu près toutes , entièrement dépourvues de racines ; elles donnent des graines qui 
les reproduisent, et elles ne se changent jamais en d’autres plantes. Hedwig auroit pu dire 
avec la même raison que ses mousses étoient primitivement des Conferves. 

Mais ce qu’il y a de vrai dans l’opinion de l’illustre botaniste que je combats , c’est que les 
premiers développements des Prêles n’ont aucune ressemblance avec ceux qui les suivent, 
et qu’il y a une grande différence entre les cotylédons des plantes parfaites et ceux des plantes 
de la Cryptogamie de Linné. 

Les jeunes Prêles que j’ai élevées appartenôient à la Prêle fluviatile et à celle des Marais ; elles 
se ressembloient beaucoup et je n’ai pas su y apercevoir des différences essentielles. 

Je m’étois donc trompé en avançant dans mon discours préliminaire, que les Prêles 
pouvoient être considérées comme des plantes dont les semences étoient actuellement 
infécondes. Cette conjecture étoit fondée sur ce que je n’avois encore trouvé aucun individu 
de ce genre, dont la racine ou le rhizome ne fût très-profond et très-ancien ; mais il est clair 
que, si j’ai réussi à faire germer des graines, ou si vous voulez des germes de Prêles, la nature 
mille fois plus puissante que moi , et qui transporte tous les printemps dans les localités les 
plus variées, des myriades de ces graines, peut bien obtenir à son tour les mêmes résultats. 

Toutefois je n’avois jamais aperçu de jeunes Prêles , germant et se développant naturelle- 
ment, lorsque l’année dernière (182 5 ) , M. r Requien, cet excellent Botaniste d’Avignon, m’a 
fait parvenir des tapis de jeunes Prêles, qu’il avoit trouvées la même année au mois de Juin, 
croissant et se développant sans effort dans un lieu inondé l’hyver et le printemps. Elles avoient 
germé plus tôt que les miennes, qui n’ avoient paru qu’au commencement de Septembre ; mais 
elles leur ressemblent entièrement par leur tige tétragone , leurs involucres et leur port. 
Elles pourroient bien appartenir à la Prêle des Limons. 

Monsieur Requien ajoute que leur premier développement étoit foliacé et par plaques 
vertes, ressemblant à des hépatiques, et que huit jours après les avoir aperçues dans cet 
état , il vit naitre les petites Prêles , telles qu’il me les a adressées. 

^ °y ez ies t e Ig mémoire que j ai inséré sur cet objet dans les Mémoires du Muséum 
pour 1823. Yol. 10. p. 4 2 9 d suivantes. Vous y trouverez -figurée la germination complète 
des Prêles. 


PL I. 











PI IIA 


Eq. Fluvjatile. 








PL. ir 



Eq» Fluviatile.. 








. $ 






J 


■f 


■ 




PI M 













PI. IV 











I 


o y 




Eq. Umbrosum. 




Plv 



Eq. Palustre. 


r 







. 


Pi. vr. 




* 







Pi va 



Eq Oigamteum. 












r 


PI vm 





' t ~ ■ 1 -4 















Eq. HYEMALE- 







f 















E Q STtPUX-AGE ÜM . 








V 





F! YA f 




eq. Gamparluiatum. 


Eq Variegatum. 










■f 





H 




/ 










PI- XIII 




✓ 















éj 


ri 


V 















■- 


. 

■ a .... : 


SgaapjK*/ 

■ 

5e e £e2 H^ \ i » 

■ 


V;.'^l.; 


' .-:S‘-v ■ 




■P!IÉË| 

ÉBÉflH 


. 

' 


MMi 

. iwïwwa “SÏW“: ! 
««^^Sgiîs^S 

■■:■ "■ * V ‘ v - C 


.■■''O .. 

ijï&cj: «KkïSîj ^ïVSS 


•i^-v.; : 


. 

M^Mgi 

'■ .-.v :* • , 


IP^MM^nM^MMItalN 

NlIPMIHiMMNMtii